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Peinture - Moyen Age - Belgique - Histoire de l'art
Jacques Aron
Quand le Christ savait qu'il était juif. De la Pâque à l'Eucharistie chez Dieric Bouts.
Le roman d'un tableau
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Résumé
Résumé
Résumé
En 1464, le peintre le plus important de Louvain reçoit commande par la Confrérie du Saint-Sacrement d’un triptyque destiné à l’Église Saint-Pierre. Le contrat nous renseigne sur la valeur symbolique du tableau pour l’exécution duquel Bouts sera secondé par deux théologiens de l’université récemment ouverte dans la ville. Cette dernière, en pleine ascension économique, est un fleuron des provinces du Nord de l’État bourguignon ; Philippe le Bon y fait sa Joyeuse Entrée en 1430 ; le légat du pape, Nicolas de Cues, y tient trois sermons en 1452.
Formé dans la continuation de ses illustres prédécesseurs Van Eyck et Van de Weyden, le peintre doit s’inscrire dans la doctrine officielle de l’Église romaine, selon laquelle l’Ancien Testament préfigure littéralement l’annonce de la venue du Christ. La Cène représentée sur le panneau central est encadrée par quatre épisodes prémonitoires de la Genèse, de l’Exode et du Livre des Rois. Il est cependant assez rare d’y voir figurer la célébration de la Pâque juive.
Nous nous sommes interrogé sur cette relative singularité et sur sa postérité. Avec le rapprochement judéo-chrétien depuis Vatican II, certains ont crédité Bouts et ses conseillers d’une relative bienveillance dans la représentation des Juifs et du personnage de Judas. Pour notre part, n’ayant pas trouvé de preuves de l’existence d’une communauté juive dans cette ville ou d’influences rabbiniques, nous aurions plutôt tendance à interpréter le tableau, dans son contenu aussi bien que dans sa forme, comme un moment des débats et déchirements internes de l’Église, un moment d’ouverture humaniste entre les premières hérésies durement réprimées et la Réforme en gestation.
Manifestement, à cette époque, les peintres furent plus que de bons artisans ; de véritables intellectuels participant à la diffusion et au renouvellement des savoirs et des relations entre les différents pouvoirs religieux et politiques.
Formé dans la continuation de ses illustres prédécesseurs Van Eyck et Van de Weyden, le peintre doit s’inscrire dans la doctrine officielle de l’Église romaine, selon laquelle l’Ancien Testament préfigure littéralement l’annonce de la venue du Christ. La Cène représentée sur le panneau central est encadrée par quatre épisodes prémonitoires de la Genèse, de l’Exode et du Livre des Rois. Il est cependant assez rare d’y voir figurer la célébration de la Pâque juive.
Nous nous sommes interrogé sur cette relative singularité et sur sa postérité. Avec le rapprochement judéo-chrétien depuis Vatican II, certains ont crédité Bouts et ses conseillers d’une relative bienveillance dans la représentation des Juifs et du personnage de Judas. Pour notre part, n’ayant pas trouvé de preuves de l’existence d’une communauté juive dans cette ville ou d’influences rabbiniques, nous aurions plutôt tendance à interpréter le tableau, dans son contenu aussi bien que dans sa forme, comme un moment des débats et déchirements internes de l’Église, un moment d’ouverture humaniste entre les premières hérésies durement réprimées et la Réforme en gestation.
Manifestement, à cette époque, les peintres furent plus que de bons artisans ; de véritables intellectuels participant à la diffusion et au renouvellement des savoirs et des relations entre les différents pouvoirs religieux et politiques.