L’exposition « The World Goes Pop » qui se tient actuellement à la Tate Modern de Londres nous montre comment des artistes du monde entier, d’Amérique Latine à l’Asie et de l’Europe au Moyen-Orient, se sont engagés dans la voie du Pop Art. Un peu plus de 160 œuvres qui datent des années 1960 et 1970 y sont réunies – la plupart d’entre elles n’ont jamais été exposées au Royaume-Uni –. Elles remettent en question l’histoire traditionnelle du Pop Art et montrent la manière dont différentes cultures ont contribué, repensé et répondu à ce mouvement.

Le Pop Art est généralement considéré comme un phénomène Anglo-Américain qui propose une réflexion délibérée sur la culture commerciale moderne. Il est généralement associé à des artistes tels que Roy Lichtenstein et Andy Warhol. Cette exposition met en exergue d’autres histoires du Pop, mettant en lumière des figures essentielles de l’époque souvent oubliées des courants dominants de l’histoire de l’art. Elle révèle également que le Pop Art n’est pas seulement la célébration d’un consumérisme occidental, mais est souvent un langage subversif qui sert la critique et la contestation populaire de par le monde.

Réagissant à la domination des marchés et des média dans l’Amérique de l’après-guerre, le Pop Art émerge dans de nombreux pays et communautés comme une force déstabilisante et ouvertement politique. L’exposition « The World Goes Pop » nous montre comment les artistes utilisent ce langage visuel pour critiquer ses origines capitalistes tout en tirant parti de son succès de masse et de sa puissance graphique. On y retrouve notamment l’œuvre anti-guerre « Bombs in Love » (1962) de l’artiste autrichienne Kiki Kogelnik’s et les détournements de logos commerciaux du Croate Boris Bućan.

Les blondes des bandes dessinées et les mannequins des publicités du Pop Art sont devenus les images familières d’un corps féminin idéalisé. Toutefois, cette exposition met en évidence de nombreuses femmes artistes en offrant une autre vision. Le corps Pop peut également être complexe et viscéral, comme nous le montre la sculpture colorée d’un système digestif intitulée « Glu, Glu, Glu » (1966) de la Brésilienne Anna María Maiolino ou les toiles montrant des parties de corps découpées et isolées de la Slovaque Jana Želibská et de l’Argentine Delia Cancela. L’exposition met également en valeur de nombreuses autres femmes qui ont joué un rôle majeur au sein du mouvement, telles qu’Evelyne Axell, Eulàlia Grau, Nicola L, Marta Minujin et Martha Rosler, défiant ainsi le casting traditionnellement masculin du monde du Pop Art.

Le Pop Art est aussi traditionnellement associé à l’idée du consommateur hyper-individualisé et de la célébrité iconique isolée, mais les artistes Pop internationaux trouvent dans les amas de foules une symbolique plus puissante de la culture contemporaine. L’œuvre « American Interiors » (1968) de l’artiste islandais Erró met en scène une foule des travailleurs chinois envahissant des lieux occidentaux, tandis que l’œuvre du Brésilien Claudio Tozzi « Multitude » (1968) et celles du collectif espagnol Equipo Crónica « Concentration » ou « Quantity Becomes Quality » (1966) montrent l’énergie et l’antagonisme se dégageant des foules modernes, œuvres qui contrastent très fort avec celles de la pop américaine mettant en scène des icônes distantes telles que Marilyn ou Elvis. D’autres artistes ont même combiné l’esthétique Pop avec leurs propres traditions populaires, rassemblant ainsi imagerie contemporaine et coutumes locales.

Lieu : Louvre Lens
99 rue Paul Bert, 62300 Lens (France)
Dates : Jusqu’au 21 mars 2016
Horaires : Accessible tous les jours sauf le mardi de 10 à 18h00. Nocturne jusqu’à 22H00 le 1er dimanche du mois, de septembre à juin (sauf janvier)
Lien : www.louvrelens.fr