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Fabrice Préyat
Ecrire le voyage en bande dessinée
En route ! Sur les traces des artistes belges en voyage
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Notes
Notes
Numéro | Note |
1 | Voir Luc Boltanski, « La constitution du champ de la bande dessinée », Actes de la recherche en sciences sociales, 1975, n° 1, pp. 37-59 ; Éric Maigret, « La reconnaissance en demi-teinte de la bande dessinée », Réseaux, 1994, vol. 12, n°67, pp. 113-140. |
2 | Voir à ce sujet l’interview de Philippe Morin, réalisée par Léna Mauger : « Depuis quelques années, [l]es reportages dessinés ont le vent en poupe, séduisent les profanes et les ignorants en bd. Il y a deux ans, le centre Georges Pompidou consacrait une exposition collective à cette nouvelle génération d’auteurs : Johanna pour Taïwan, Sera pour le Cambodge, Loustal,… « Le regain des reportages de bande dessinée est en partie lié à la personnalité de ces nouveaux auteurs, dit Philippe Morin, fondateur des éditions plg. Jusque dans les années 70/80, les auteurs de bd étaient des gens issus de milieux modestes qui ne voyageaient pas ou peu. Pour pouvoir vivre de leur métier, il fallait qu’ils travaillent 60 heures par semaine sans prendre de vacances et sans bouger de leur table à dessin. À partir des années 90, les nouveaux auteurs, souvent issus de milieux intellectuels, ont fait des études supérieures. Ils ont voyagé dans leur enfance et ont pris goût aux voyages. En plus, la médiatisation de la bd fait qu’ils sont invités dans des festivals culturels dans le monde entier. » (Léna Mauger, « Le journalisme est-il dans la bulle ? », 15 février 2009, http://www.revue21.fr/Le-journalisme-est-il-dans-la). |
3 | http://backstage.futuropolis.fr/debat/blog/a-propos-des-cahiers-ukrainiens-quelques-mots-d-igort |
4 | Voir à ce sujet l’article de Jean-Michel Hoerner, « La famille Fenouillard : une œuvre prémonitoire ? », Hérodote, 2007/4, n° 127, pp. 190-198. |
5 | Voir Olivier Hoibian, « Les voyages en zigzag de Rodolphe Töpffer », dans Le voyage initiatique, découvertes, rencontres, expériences en montagne (xvii-xxe siècle), M. Mestre, M. Tailland (éds.), numéro spécial de la revue Babel, n° 8, 2003, pp. 57-70. L’inspiration töpfferienne de Bouvier a été remarquée par Daniel Girardin dans Nicolas Bouvier, L’œil du voyageur, Paris, Musée de l’Élysée – Hoëbeke, 2001, pp. 7-8. |
6 | Nicolas Bouvier, L’usage du monde, Paris, Payot (« Petite bibliothèque Payot / Voyageurs »), 2000 [1963], p. 12. |
7 | Nicolas Bouvier, Le Poisson-scorpion, Paris, Payot, 1990, p. 46. |
8 | Voir notamment Pierre Sterckx, « La bande dessinée aime le voyage », préface à La bande dessinée part en voyage, L’album Géo, Tournai, Casterman, 2003. |
9 | Nous reprenons, à titre non exhaustif, dans les notes suivantes une partie seulement des ouvrages issus de la production récente, qui seront régulièrement allégués dans cet article. Pour une bibliographie et un parcours historique plus complet, on se référera à la contribution que Pascale Argod a consacrée au genre du récit de voyage mêlé au reportage bd (« La bd reportage à l’origine du carnet de voyage ou le reportage graphique contemporain », section L@BD sur le site du Centre national de documentation pédagogique, 24 pp., http://www.labd.cndp.fr/IMG/doc/ATT00028.doc). Parmi les publications parues sous l’égide de maisons d’édition alternatives, signalons : Xavier Löwenthal, Lettres à Pauline, Bruxelles, La cinquième couche, 2003, 100 pp. ; Simon Hureau, Palaces, Angoulême, Ego comme x, 2011 [2003], 180 pp. et Le Bureau des prolongations, Angoulême, Ego comme x, 2005, 112 pp. ; Oh Yeong Jin, Le visiteur du sud. Le journal de Monsieur Oh en Corée du Nord, Poitiers, flblb, 2007, vol. 1, 228 pp. ; les deux collectifs L’Association en Égypte, Paris, L’Association, 1999 et L’Association en Inde, Paris, L’Association, 2006 ; Guy Delisle, Pyongyang, Paris, L’Association, 1996, [n.p.] (« Ciboulette ») ; Guy Delisle, Shenzen, Paris, L’Association, 2000, [n.p.] (« Ciboulette »), après prépublication dans la revue Lapin, à L’Association, entre 1998 et 1999 ; Lewis Trondheim, Carnets de bord. 2002-2003, Paris, L’Association, 2007, [n.p.] (« Côtelette ») ; Joann Sfar, Caravan, Paris, L’Association, 2008, [n.p.] (« Côtelette »). Parmi les petites structures ou structures de taille moyenne : Loustal, Sud, Châtenay Malabry, Alain Beaulet, 1994 ; Java, Rennes, Christian Desbois, 1996 ; Porquerolles. Carnet de voyage, Saint-Paul de Vence, Nuages, 2008 ; Clément Baloup, Quitter Saïgon. Mémoires de Viet Kieu, Antony, La Boîte à Bulles, 2010, vol. 1, 94 pp. (« Contre cœur ») ; Joël Alessandra, Attié Djouid Djar-Alnabi, Pascal Villecroix, Retour du Tchad. Expédition sur les traces d’André Gide, Antony, La Boîte à Bulles, 2010, [n.p.] ; Anaële et Delphine Hermans, Les amandes vertes. Lettres de Palestine, Berlin, Warum, 2011, [n.p.] ; Philippe Dupuy et Charles Berbérian, Tanger. Carnets, Paris, Cornélius, 2004, [n.p.], (« Blaise ») ; Aimee Major Steinberger, Japan Ai, Taïfu Comics, 2009, 180 pp. (« Shojo »). |
10 | Nous visons notamment l’édition des Carnets de voyage de Loustal, dont le premier tome est paru aux éditions Futuropolis (Carnets de voyage. 1981-1989, Paris, 1990), avant que la suite des Carnets ne soit confiée aux éditions du Seuil (Carnets de voyage. 1991-1996, Paris, 1997 ; Carnets de voyage. 1997-1999, Paris, 2000). |
11 | Citons, aux éditions Delcourt (Paris), dans la collection « Shampooing », dirigée par un artiste issu de L’Association – Lewis Trondheim –, les œuvres suivantes : David B., Journal d’Italie. Trieste et Bologne, 2010, [n.p.] ; Guy Delisle, Chroniques birmanes, 2007, 263 pp. ; Aude Picault, Transat, 2009, [n.p.]. |
12 | Voir à ce sujet la collection « Univers d’auteurs », chez Casterman, rassemblant notamment les titres d’Emmanuel Lepage et Nicolas Michel, America. Fragments d’un voyage, Tournai, 2003 ; des mêmes auteurs, Brésil. Fragments d’un voyage, Tournai, 2003 ; de Christophe Blain, Carnets de Lettonie et Carnets polaires, Tournai, 2005 ; de Jacques Ferrandez, Retours à Alger, Tournai, 2006, etc. On se tournera également vers la collection « Écritures » – tant critiquée par Jean-Christophe Menu (Plates-bandes, Paris, L’Association, 2005) – qui chapeaute les volumes de : Craig Thompson, Un Américain en balade, Tournai, Casterman, 2005, 222 pp., ainsi que les trois collectifs : Japon (2005) ; Corée (2006) ; Chine (2009, 176 pp.). Sur le phénomène de « récupération » en édition bd, lire Tanguy Habrand, « La ‘récupération’ dans la bande dessinée contemporaine. Par-delà récupérateurs et récupérés », dans La bande dessinée contemporaine, B.-O. Dozo et F. Preyat éds., numéro double de la revue Textyles (Bruxelles, Le Cri), 2010, pp. 75-90. |
13 | Nous pensons ici aux éditions Futuropolis (Paris), disparues, puis ressuscitées en label avant d’être fondées à nouveau en co-entreprise d’édition. En 2006, Futuropolis a publié les deux tomes d’Abdallahi de Christophe Dabitch et Jean-Denis Pendanx (86 pp. ; 96 pp.). En 2007, Futuropolis a réédité La campagne à la mer. Guibert en Normandie, d’Emmanuel Guibert [n.p.]. En 2010, Futuropolis a porté au jour les Cahiers ukrainiens d’Igort (176 pp.) ; en 2011, le Voyage aux îles de la Désolation d’Emmanuel Lepage (158 pp.). Pareil rôle pourrait, peu ou prou, être attribué à la collection « Aire libre » qui compte notamment Le photographe d’Emmanuel Guibert, Didier Lefèvre et Frédéric Lemercier (Marcinelle, Dupuis, 2003-2006, 3 vol.) et Portugal de Pedrosa (2011, 261 pp.) parmi son catalogue. La collection fut un temps dirigée par l’un des responsables actuels des éditions Futuropolis et ancien éditeur aux Humanoïdes associés – Sébastien Gnaedig. |
14 | Sur cette catégorie, qui compte nombre d’avatars littéraires et qui opacifient encore les frontières entre récit de voyage et roman, lire Nicolas de Crécy et Raphaël Metz, Lisbonne. Voyage imaginaire, Tournai, Casterman, 2002. |
15 | Voir notamment Frédéric Boilet, L’apprenti japonais, Bruxelles, Impressions nouvelles, 2006, 240 pp. (« Traverses »). |
16 | Aude Picault, Transat, Paris, Delcourt, 2009, [n. p.] (« Shampooing ») ; Craig Thompson, Un Américain en balade, Tournai, Casterman, 2005, 222 pp. ; Joann Sfar, Caravan, Paris, L’Association, 2008, [n.p.] (« Côtelette »). |
17 | Voir Réal Ouellet, « Qu’est-ce qu’une relation de voyage ? », dans La recherche littéraire. Objets et méthodes, Claude Duchet, Stéphane Vachon dirs., Montréal - Saint-denis, XYZ - Presses universitaires de Vincennes, 1998, pp. 287-308. |
18 | Sur la difficulté à départager les genres et à classer les formes viatiques, lire Michel Bastiaensen, « Le journal de voyage (1760-1820) », dans Neohelicon, xviii, n° 2, pp. 73-108. |
19 | Voir à ce sujet : Friedrich Wolfzettel, Le discours du voyageur. Pour une histoire littéraire du récit de voyage en France, du Moyen Âge au xviiie siècle, Paris, puf, 1996 ; Roland Le Huenen, « Le récit de voyage : l’entrée en littérature », Études littéraires, printemps-été 1987, vol. 20, n° 1, p. 51. |
20 | Op. cit., p. 6. |
21 | http://backstage.futuropolis.fr/debat/blog/a-propos-des-cahiers-ukrainiens-quelques-mots-d-igort (nous soulignons). On lira une appréciation similaire dans le compte rendu que le site ActuaBD a offert à l’ouvrage, le désignant comme un « fac-simile de carnet », saluant la « foule de témoignages » ramenés par l’auteur, la cohabitation de « bande dessinée », de « dessins libres » et de « longs récitatifs » qui « retranscrivent fidèlement » conversations et rencontres et qui placent l’auteur au plus « proche du réel » (http://www.actuabd.com/Les-Cahiers-ukrainiens-Par-Igort). |
22 | Le volume intitulé Portugal de Pedrosa (op. cit.) constitue sans doute l’exemple le plus récent (2011) de pratique autofictionnelle mêlée au récit de voyage. L’auteur y campe l’histoire d’un créateur de bandes dessinées, d’abord dévoilé dans sa démarche psychanalytique, qui va tenter de renouer avec ses racines et son passé familial par le biais d’un voyage que l’on peut aisément qualifier de « formation ». |
23 | Notons que l’appartenance, a priori évidente, au reportage bd des œuvres de Sacco (diplômé en journalisme) a néanmoins été parfois remise en cause en vertu de l’engagement autobiographique fort qui les caractérise et qui inviterait plutôt à les ranger parmi les carnets de voyage. Voir Pierre Alban Delannoy, « BD de la réalité, réalité de la BD », dans La bande dessinée à l’épreuve du réel, Pierre Alban Delannoy éd., Paris, L’Harmattan, 2007, p. 102 (« Cahiers Interdisciplinaires de la Recherche en Communication Audio Visuelle). |
24 | Jan Baetens, « Frédéric Boilet, un Français au Japon », dans La bande dessinée à l’épreuve du réel, idem, p. 88. |
25 | Lire Brian Winston, Claiming the real, Londres, bfi, 1995, cité par Jan Baetens, ibidem. |
26 | David Vrydaghs, « Le récit de voyage en bande dessinée, entre autobiographie et reportage », dans La bande dessinée contemporaine, op. cit., pp. 139-148. |
27 | Cf. Fabrice Néaud, « La cité des arbres », dans Japon. Le Japon vu par dix-sept auteurs, op. cit., pp. 193-214. |
28 | Emmanuel Lepage, op. cit., pp. 6-7. |
29 | Xavier Löwenthal, op. cit., p. 3 : « Voudriez-vous m’accompagner au Honduras, dans la forêt humide, et enseigner la bande dessinée aux Indiens ? J’ai rencontré Luz par hasard. Au bout de dix minutes, elle m’a fait cette incroyable proposition, comme on invite à prendre un café. J’ai répondu oui sans hésiter. On ne risquait pas de me le proposer une autre fois ». |
30 | Christophe Dabitch, Jean-Denis Pendanx, Abdallahi, Paris, Futuropolis, 2006, 2 vol., 86 pp. - 96 pp. |
31 | Notamment : Étienne Davodeau, Les mauvaises gens. Une histoire de militants, Paris, Delcourt, 2005 ; Un homme est mort, en collaboration avec Kris, Paris, Futuropolis, 2006 ; Rural. Chronique d’une collision politique, préface de José Bové, Paris, Delcourt, 2001 ; Riad Sattouf, La vie secrète des jeunes, Paris, L’Association, 2007 ; Retour au collège, Paris, Hachette, 2005. Si nous souscrivons à cette idée d’éloignement culturel pour le récit de voyage, il faut cependant avouer qu’elle a elle aussi été remise en cause afin de classer dans cette catégorie des « bandes de proximité », entre autres les dessins de Patrick Chapatte sur son pays natal, la Suisse (La vie qu’on mène, Paris, Glénat, 2006) ou les contributions de Cabu consacrées à la vie parisienne (Au revoir Paris, Arléa, 1996). Voir à ce sujet Pascale Argod, op. cit., p. 9. |
32 | Voir Pascale Argod, op. cit., p. 2. |
33 | Björn-Olav Dozo, « Note sur la bd de reportage », dans La bande dessinée contemporaine, op. cit., pp. 149-155 (151). Sur ce sujet, lire également David Vrydaghs, « Le reportage dessiné entre politique et esthétique », dans L’Association. Une utopie esthétique et éditoriale, Bruxelles-Paris, Les Impressions Nouvelles, 2011, pp. 101-117. |
34 | Alors que le genre du récit de voyage paraît effectivement bien antérieur au grand reportage journalistique qui en dérive et qui s’identifie couramment aux premières contributions d’Albert Londres, plusieurs auteurs ont néanmoins suggéré que le récit de voyage graphique découlerait, pour sa part, du reportage bd (cf. Pascale Argod, op. cit.). Vincent Bernière préfère, avec plus de justesse, respecter le continuum historique qui, selon une perspective intermédiatique, fait remonter le reportage graphique au carnet de voyage et au dessin de presse sur l’actualité (voir le dossier « Bande dessinée, images et actualité », Bang, 2003, n° 1 ; « La bd sur le terrain », Neuvième art, janvier 2002, n° 7, pp. 46-55). Le contexte purement graphique d’apparition des deux genres plaide, selon nous, en faveur d’une percée concomitante dans le champ de la bande dessinée, autour notamment des travaux graphiques de Loustal, parus dans les années 1980 et relatant ses propres voyages ou l’adaptation des nouvelles du voyageur Coatalem. Si le genre, aux origines, flirte allègrement avec la fiction, il convient toutefois de distinguer clairement ces deux catégories. Lire à ce propos, le commentaire de Roland Le Huenen sur les configurations structurales diamétralement opposées du récit de voyage littéraire et du récit de fiction (op. cit., p. 49). |
35 | Jean-Christophe Menu, « L’Association et le reportage », Neuvième Art, janvier 2002, n° 7, p. 61. L’on observe la même classification dans le genre du reportage pour l’album Pyongyang dans Jean-Michel Boissier, Hervé Lavergne, « Le bd reportage et ses maîtres », http://www.revue-medias.com/Le-BD-reportage-et-ses-maitres,155.html. |
36 | Didier Lefèvre, Voyages en Afghanistan, le pays des citrons doux et des oranges amères, Rennes, Éditions Ouest France, 2003. |
37 | Emmanuel Guibert, Didier Lefèvre, Frédéric Lemercier, Le photographe, Marcinelle, Dupuis, 2003-2006, 3 vol. |
38 | Cf. le Prix France Info de la Bande dessinée d’actualité et de reportage, décerné chaque année depuis 2004. |
39 | Frédéric Boilet, L’apprenti japonais, op. cit., pp. 33-34 (extrait d’un fax adressé à Élisabeth, mardi 8 juin 1993). Ce fait semble encore peu connu comme en témoigne la pointe sur laquelle Léna Mauger termine son article « Le journalisme est-il dans la bulle ? » : « À quand la carte de presse pour les BD reporters ? ‘Ça donne droit à quoi ?, plaisante Jean-Philippe Stassen. Des abattements fiscaux ?’ » (http://www.revue21.fr/Le-journalisme-est-il-dans-la, 15 février 2009). |
40 | Olivier Balez, « La cordée du Mont Rose », xxi, avril-juin 2010, n° 10, pp. 166-199. |
41 | Emmanuel Guibert, Alain Keler, Frédéric Lemercier, « Des nouvelles d’Alain », xxi, automne 2009, n° 8, 1er épisode, pp. 106-107. |
42 | Idem, xxi, avril-juin 2010, n° 10, 3e épisode, pp. 110-111. |
43 | tr, 28/10/2010, Jean-Philippe Stassen, Renaud de Heyn. Parmi les collaborations de Jean-Philippe Stassen à la revue xxi, lire : « Les visiteurs de Gibraltar », xxi, hiver 2008, n° 1 ; « L’étoile d’Arnold », xxi, été 2010, n° 11, pp. 168-201 ; de Renaud De Heyn, « La route du kif », avril-juin, 2011, n° 14. En ces récits, Stassen se considère plus proche du journalisme et rejette toute pratique du genre viatique. Relatant des faits, documentés par la lecture de rapports d’ong, corroborés par des enquêtes de terrain, et recoupant ses informations, Stassen entend surtout donner un contrepoint aux silences de la presse et éclairer, grâce à un espace privilégié, assez rare parmi les périodiques, des situations politiques complexes (tr, 28/10/2010, Jean-Philippe Stassen). Cette position explique sans doute sa méthode de composition. Stassen rassemble nombre de détails et notes durant son voyage d’enquête mais ne dessine qu’ensuite ses bandes ; le dessin ne vient qu’en sus : « Aller faire des dessins sur un marché à Istambul pour en faire un livre, je trouve ça aussi inintéressant qu’un publi-reportage sur Bali à la télé. Ce sont des images sans nécessité, qui n’ont rien à communiquer. Personnellement, je dessine assez peu lors de mes voyages et je ne photographie pas, je prends plutôt des notes. » (Gilles Ciment et Thierry Groensteen, « Itinéraire. Entretien avec Jean-Philippe Stassen », Neuvième Art, janvier 2002, n° 7, p. 110 ; cité par Björn-Olav Dozo, op. cit., p. 152). Ferrandez, pour ses carnets de voyage (Irak, 2001), procède de façon exactement inverse : « ‘Il va de soi que ces choses vues furent happées, ‘croquées’ au vol. […] En France, reprenant croquis, notes et gribouillis, les sentiments s’en sont mêlés. Quelques solides lectures, enfin.’ Et l’ouvrage de se terminer sur une bibliographie sommaire ». (http://phylacterium.wordpress.com/2010/11/20/archi-et-bd-4-carnet-de-voyages-dun-art-a-lautre/). |
44 | Friedrich Wolfzettel, op. cit., p. 6 ; Roland Le Huenen, op. cit., p. 45. |
45 | Friedrich Wolfzettel, idem, p. 157. |
46 | Idem, p. 6. |
47 | Xavier Löwenthal, op. cit., pp. 50-52. |
48 | Friedrich Wolfzettel, op. cit., pp. 38-40, 107, 232. |
49 | Frédéric Boilet L’apprenti japonais, op. cit., pp. 33-34 (extrait d’un fax à Élisabeth, mardi 8 juin 1993). Le 4e de couverture affiche d’aussi « déconcertantes » affirmations : « Après quinze années d’un séjour quasi ininterrompu, je suis au Japon sans y avoir rien vu. Je ne me suis jamais offert les services d’une geisha et n’ai croisé aucun samouraï […] je n’ai pas passé une nuit dans un hôtel capsule ni aperçu un seul pousseur dans le métro de Tôkyô […]. Mais il y a pire, l’incompréhensible, l’inexcusable négligence, j’ose à peine l’avouer : Je suis au Japon sans avoir vu le Mont Fuji ! […] Non, décidément je n’ai pas fait le Japon ». Sur la lutte engagée par Löwenthal contre certains types de pratique de collaboration au développement, correspondant aux caricatures, voir Lettres à Pauline, op. cit. p. 3. |
50 | Friedrich Wolfzettel, op. cit., pp. 20, 123-125. |
51 | Lire à ce propos Daniel Vander Gucht, Ecce homo touristicus. Identité, mémoire et patrimoine à l’ère de la muséalisation du monde, Loverval, Labor, 2006. |
52 | Denis Deprez, « Un amour de Chine », xxi, automne 2008, n° 4, pp. 166-199 ; Olivier et Denis Deprez, « Harbin/Shanghai : 1990/2008 », dans La Chine. Regards croisés, Tournai, Casterman, 2009, pp. 163-176. |
53 | tr, 28/10/2010, Denis Deprez. |
54 | Ce rôle d’authentification peut parfois s’affirmer de manière extrêmement discrète, presque à la manière du symbole, comme le montre l’incipit du récit de David prudhomme, « La porte d’entrée », dans Japon. Le Japon vu par dix-sept auteurs, op. cit., pp. 26-27. |
55 | De façon similaire, Jean-Philippe Stassen confesse avoir utilisé, dans certaines contributions à xxi, des registres graphiques très distincts. Le premier correspond à son style habituel et lui permet d’attester qu’il « a assisté » à la réalité qu’il reproduit ; le second, plus naïf, permet de camper le récit invérifiable de personnages relatant leur réalité, avec exagération et disparition. L’alternance signale au lecteur le basculement d’une réalité à une autre (tr, 28/10/2010). |
56 | Xavier Löwenthal, Lettres à Pauline, op. cit., p. 14, fig. 5 : « ‘Je dois encore trouver les écritures de cette végétation’. Le voyageur intrépide, en bon naturaliste, répertorie les richesses de la flore. |
57 | Friedrich Wolfzettel, op. cit., pp. 85, 99. |
58 | Voir à ce sujet Jean-Michel Racault, « Instances médiatrices et production de l’altérité dans le récit exotique aux xviie et xviiie siècles », dans L’exotisme, Alain Buisine, Norbert Dodille, Claude Duchet éds., Cahiers crlh – ciraoi, 1988, n° 5, pp. 33-43. |
59 | Frédéric Boilet, L’apprenti japonais, op. cit., p. 149. |
60 | Friedrich Wolfzettel, op. cit., pp. 227, 300-305 ; Jean-Michel Racault, op. cit., p. 43. |
61 | Idem, p. 104. |
62 | Idem, pp. 134, 203, 235. |
63 | Friedrich Wolfzettel, op. cit., p. 246. |
64 | Pierre Alban Delannoy, op. cit., p. 108 : « La rature dit quelque chose de l’attitude de l’auteur à l’égard de son texte, il y exprime le naturel et l’authenticité du premier jet, une sorte de vérité du texte donné à l’état brut ». |
65 | Jacques Chupeau, « Les récits de voyage aux lisières du roman », cité par Roland Le Huenen, op. cit ;, p. 47. |
66 | Théophile Gautier, L’Orient, 1877, cité par Christine Peltre, L’atelier du voyage. Les peintres en Orient au xixe siècle, Paris, Le Promeneur, 1995, p. 23. |
67 | Wendelin Guentner, op. cit., p. 33. |
68 | Pierre Alban Delannoy, op. cit., pp. 108-109, à propos des Carnets de Barcelone. |
69 | Idem, p. 112. L’auteur cite Antoine Compagnon, La seconde main, Paris, Seuil, 1979, pp. 390-391 et Roland Barthes, La préparation du roman i et ii. Cours et séminaires au Collège de France (1978-1980), Paris, Seuil-imec, 2003, pp. 246-253. |
70 | Idem, p. 115. |
71 | Pierre Sterckx, op. cit., pp. 10-11. |
72 | Sur les cinq handicaps symboliques de la bande dessinée, voir Thierry Groensteen, La bande dessinée. Un objet culturel non identifié, Angoulême, Éditions de l’An 2, 2006, pp. 20-54. |
73 | Pascale Argod, op. cit., pp. 2, 4. Une application de cette définition à certaines formes de récits – par exemple – les « Nouvelles d’Alain » – ne permet pas réellement de déterminer la part du reportage ou du récit de voyage. Dans ce cas précis, elle aurait plutôt tendance à démentir la classification journalistiques. |
74 | Voir à ce sujet, Roland Mortier, « Pour une poétique du dialogue : essai de théorie d’un genre », dans Joseph P. Strelka éd., Literary theory and criticism, Bern, Lang, 1984, pp. 457-474 ; Alain Montandon, Sociopoétique de la promenade, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, 2000, entre autres, ainsi que notre synthèse dans « Les promenades du prince de Ligne. De la pratique déambulatoire au genre littéraire », Études sur le xviiie siècle, 2011, vol. 39, pp. 119-153. |
75 | Wendelin Guentner, Esquisses littéraires : rhétorique du spontané et récit de voyage au xixe siècle, Paris, Nizet, 1997, pp. 13-14. Sur cette problématique, lire également Marie-Paule Berranger, Notes, notations et carnets de voyage, Caen, Centre de recherches Laslar, Université de caen,-Basse-Normandie, 2009. |
76 | tr, 28/10/2010, Renaud De Heyn. |
77 | Wendelin Guentner, op. cit., pp. 15, 21. |
78 | La référence de Guentner gagnerait encore à être affinée ou à être mise en rapport avec cette esthétique de la mosaïque. Voir à ce propos, Lucien Dällenbach, Mosaïques, Paris, Seuil, 2001 ; L’œuvre en morceaux, Livio Belloï, Michel Delville éds., Paris-Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2005, cités par Jan Baetens, op. cit., pp. 98-99 et n. 13. |
79 | Roland Le Huenen, op. cit., p. 49. |
80 | Voir à ce sujet la préface de Pierre Sterckx, « La bande dessinée aime les voyages », dans La bande dessinée part en voyage, op. cit., p. 11 et l’article de Pierre Alban Delannoy, « BD de la réalité, réalité de la BD », dans La bande dessinée à l’épreuve du réel, op. cit., pp. 101-102. C’est également le parti pris par Renaud De Heyn de préférence à l’usage de l’image « réelle », photographique ou cinématographique (tr, 28/10/2010). |
81 | Friedrich Wolfzettel, op. cit., p. 99. |
82 | Wendelin Guentner, op. cit., pp. 26-27. |
83 | Jean Chapelain, Lettres de jean Chapelain de l’Académie française, Ph. Tamizey de Larroque éd., Paris, 1880-1883, vol. 2, lettre cxcii, p. 340 ; Friedrich Wolfzettel, op.cit., pp. 128, 132 ; Jean-Marie Goulemot, « Sur les traces des écrivains voyageurs », Le Magazine littéraire, juin 2004, n° 432, p. 24 (dossier spécial « Les écrivains voyageurs. De l’aventure à la quête de soi »). |
84 | Frédéric Boilet, Benoît Peeters, Tôkyô est mon jardin, Tournai, Casterman, 2003, p. 7. |
85 | Harry Morgan, Principes des littératures dessinées, cité par Pascale Argod, op. cit., n. °8. |
86 | Pascale Argod, op. cit., p. 4 et Louise Merzeau, « Une nouvelle forme de livre illustré : le roman graphique », Littérales, 1991, n° 9, disponible en ligne sur http://www.merzeau.net/txt/livre/roman.html. |
87 | Louise Merzeau, idem. |
88 | Baudoin, « Alexandrie, Alexandra », dans L’Association en Égypte, Paris, L’Association, 1999, p. 25 et David Vrydaghs, op. cit., pp. 142-143. |
89 | Voir à ce sujet, Baudoin, Éloge de la poussière, Paris, L’Association, 1995 et la lecture de Pierre Alban Delannoy, op. cit., p. 106. |
90 | Cf. l’appréciation des carnets de Benjamin Hao repris dans l’exposition L’art du carnet de voyage de 1800 à nos jours au Musée de la poste (2009), http://achener.over-blog.org/artoicle-34968197.html. Sur l’échange communicationnel avec les cultures étrangères à partir du dessin ou de l’illustration, voir aussi Étienne Davodeau, « Sapporo fiction », dans Japon. Le Japon vu par dix-sept auteurs, op. cit., p. 245. |
91 | Renaud De Heyn, op. cit., vol. 1, pp. 40-41. |
92 | David Vrydaghs, op. cit., p. 142. |
93 | Idem, p. 143. |
94 | Xavier Löwenthal, op. cit., p. 66. |
95 | George Sand, Un hiver à Majorque, http://www.gutenberg.org/files/14688/14688-h/14688-h.htm |
96 | Friedrich Wolfzettel, op. cit., p. 48 ; Wendelin Guentner, op. cit., p. 29. |
97 | « Le peintre qui s’essaient à les rendre sait d’avance qu’on ne croira pas à la fidélité de sa reproduction, car la nature doit avoir sa vraisemblance comme l’art. Il y a des effets vrais sans doute, mais par trop singuliers, dont il vaut mieux, peut-être, s’abstenir. » (Théophile Gautier, L’Orient, cité par Christine Peltre, L’atelier du voyage, op. cit., p. 78). |
98 | « J’ai rassemblé et réécrit ces notes que j’avais prises, pour la femme que j’aimais, pendant cette étrange épopée. […] Comme il était destiné à Pauline, j’ai souhaité lui conserver son caractère épistolaire et amoureux. Pauline est devenue depuis la maman de Tobias, notre fils. Ce livre lui est dédié » (op. cit., pp. 3, 33). |
99 | Roland Le Huenen, op. cit., pp. 56, 57. |
100 | Certains auteurs résolvent plus difficilement cette dichotomie et procèdent toujours par accumulation descriptive ou démultiplication des références indicielles. On lira à ce propos le récit presque « muséal » de de Fabrice Néaud, « La cité des arbres » (op. cit.), qui additionne les retranscriptions de costumes traditionnels, le contenu des vitrines des musées visités,… |
101 | Friedrich Wolfzettel, op. cit., p. 156. |
102 | tr, 28/10/2010, Denis Deprez. |
103 | Ibidem. |
104 | On observe cette même topique dans les voyages des peintres : lire le témoignage de Nicolas-Toussaint Charlet (1850), cité dans Christine Peltre, Orientalisme, Paris, Terrail, 2004, p. 79. |
105 | Sur ce sujet, lire Réal Ouellet, op. cit., pp. 299-300. |
106 | Eugène Fromentin, Un été dans le Sahara, Anne-Marie Christin éd., Paris, Flammarion, 2009, pp. 199, 239, 320 (« Champs arts »). |
107 | Xavier Löwenthal, op. cit., pp. 14, 24 |
108 | David B., Journal d’Italie. Trieste-Bologne, op. cit., [n.p.]. |
109 | Olivier Balez, Pierre Christin, « Sous le ciel d’Atacama », xxi, automne 2009, n° 8, pp. 185-186. |
110 | Xavier Löwenthal, op. cit., pp. 32-33. |
111 | Roland Le Huenen, op. cit., p. 56. |
112 | Bernard Lahire, La culture de l’individu. Dissonances culturelles et distinction de soi, Paris, La Découverte, 2004 (« Textes à l’appui »). |
113 | tr, 28/10/2010, Jean-Philippe Stassen. |
114 | Parmi les nombreuses allusions à Tintin, voir notamment parmi les productions récentes : Denis et Olivier Deprez, « Harbin/Shanghai : 1990/2008 », op. cit., p. 167 ; Emmauel Lepage, Voyage aux îles de la désolation, op. cit., pp. 39, 50 ; Simon Hureau, Bureau des prolongations, op. cit., p. 68… |
115 | Sur le traitement du récit de voyage et l’opposition entre œuvres factuelles et fictionnelles, on se reportera à Véronique Magri-Mourgues, Le voyage à pas comptés. Pour une poétique du récit de voyage au xixe siècle, Paris, Champion, 2009. |
116 | Voir par exemple la transposition de la création de l’Atelier des Vosges (Christophe Blain, Frédéric Boilet, Joann Sfar, Émile Bravo, David B., Emmanuel Guibert) par Emmanuel Guibert (« Shin Ichi », dans Japon. Le Japon vu par dix-sept auteurs, op. cit., pp. 87-105) où le dessin se révèle aussi pratique de sociabilité. |
117 | Voir à ce titre la teneur générale des ouvrages de Lewis Trondheim, Carnet de bord (op. cit.) et de Joann Sfar, Caravan (op. cit.) ; Xavier Löwenthal, op. cit., p. 94 (rencontre avec Ben Katchor et proposition de traduction à la Cinquième couche). |
118 | David B., Journal d’Italie. Trieste et Bologne, op. cit., [n.p.]. |
119 | Roland Le Huenen, op. cit., p. 55. |
120 | Voir Wendelin Guentner, op. cit., p. 28. |
121 | Roland Le Huenen, op. cit., pp. 57-58. |
122 | Voir notamment le dossier illustré réservé au récit de voyage par le Magazine littéraire en 1975. |