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- - - Daniel Gueguen Jean Delville Franc-maçon, théosophe, occultiste
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Reporticle : 138 Version : 1 Rédaction : 25/01/2014 Publication : 09/07/2015

Jean Delville, franc-maçon, théosophe, occultiste

À l’époque fin de siècle, la mode est à l’occultisme. Un best-seller du temps est l’ouvrage d’Édouard Schuré Les Grands Initiés dont la première édition paraît en 1898. À Bruxelles, tout n’est que symbole, selon l'expression maçonnique. Maçons comme le sont la plupart des grands artistes belges de l’époque : Jean Delville, bien sûr, mais aussi Meunier, Rops, Horta et ses principaux clients (Tassel, Autrique, Solvay, Hallet), Hankar, Victor Rousseau, Émile Fabry, Charles van der Stappen, Julien Dillens, George Minne, Jef Lambeaux, Charles Doudelet, Isidore de Rudder, Philippe Wolfers. Cette énumération d’artistes libres dans des loges libres explique pourquoi les historiens d’art peinent à définir la peinture symboliste. Quoi de commun, en effet, entre un Meunier et un Minne ? Entre un Ciamberlani et un Doudelet ? Il y a autant de symbolismes que de maçons : en Loge chacun interprète les symboles comme il l’entend, selon sa sensibilité, son grade, son évolution spirituelle. Mais il est sûr que l’occultisme et la franc-maçonnerie ont façonné l’art de la fin de siècle dans des proportions jusqu’à présent sous-estimées.

Jean Delville occultiste

Jean Delville ? Un « spirite éclairé », « un medium d’une sensibilité extraordinaire », dit de lui son fils Olivier (1). Franc-maçon et théosophe, bien sûr, mais aussi martiniste, rose-croix, kabbaliste, astrologue, fondamentalement occultiste avec de la télépathie, de l’hypnotisme, du magnétisme et des « phénomènes de lévitation ».

La dédicace au peintre Maurice Gossens, qui expose au deuxième Salon d’Art idéaliste en 1897, apposée par Jean Delville sur la page de garde de son livre Dialogue entre nous est éclairante car elle révèle son appartenance au martinisme et même au Grade supérieur de l’Ordre martiniste (S.I : Supérieur Inconnu). Elle dénote également une grande maîtrise astrologique avec des messages codés sous des signes et des carrés comme on en utilisait au Moyen-âge. La carte du ciel de Jean Delville est très orientée vers l’occultisme avec un fort ascendant Scorpion et Mars maître de son ascendant, source d’illumination. Le thème astral de Jean Delville comporte d’autres aspects moins orientés vers la spiritualité : dialecticien passionné, ombrageux, d’une très grande violence souvent retournée contre lui.

Fig. 1 – Portrait de Joséphin Péladan, 1894. Huile sur toile, 112 x 242 cm. Nîmes, musée des Beaux-Arts, inv. 507
Photo Musée des Beaux-Arts de Nîmes.Close
Fig. 1 – Portrait de Joséphin Péladan, 1894. Huile sur toile. Nîmes, musée des Beaux-Arts.

Très tôt Jean Delville s’oriente vers l’occultisme. En 1888, à 21 ans, il aurait rencontré Péladan, l’homme des Salons Rose+Croix et du Vice suprême, un livre qui va l’éblouir. Les quatre témoins de son mariage sont des initiés : Victor Rousseau est un franc-maçon, Ciamberlani sans doute aussi, José Hennebicq un spirite, et le martiniste Ray Nyst. En dépit des luttes et des combats tous resteront ses « Frères » et viendront à son secours quand le besoin se fera sentir. Jean Delville lui aussi sera indéfectiblement loyal à ses frères d’armes, notamment Péladan qui, devenu un objet de dérision après une phase d’adulation, recevra le soutien total de Jean Delville pour monter sa pièce Œdipe et le Sphinx en 1910 au Théatre esthétique du Palais des Arts à Bruxelles.

La « Guerre des deux Roses », Kumris, les Salons Rose+Croix

1892 marque aussi le déclenchement de la « Guerre des deux Roses ». D’abord unis au sein de l’Ordre kabbalistique de la Rose+Croix avec Papus et Stanislas de Guaïta, Péladan va faire sécession pour créer la Rose+Croix catholique devenue ensuite Rose+Croix esthétique du Temple et du Graal. La rupture crée un schisme. Au terme d’une campagne de publicité avec des tracts et des annonces payantes dans la presse (sans aucun autre exemple ni avant ni après), Péladan est déclaré apostat. Chacun doit choisir son camp : ou l’approche initiatique traditionnelle avec Papus ou l’école esthétique avec Péladan. Bien qu’enclin à trancher par caractère, Jean Delville restera proche des deux courants entretenant des relations confiantes avec Papus et Péladan. La raison de la neutralité de Jean Delville dans cette affaire est limpide : très proche de Péladan esthétiquement, Delville est également membre de l’Ordre martiniste créé par Papus. Il ne pouvait trahir son initiateur.

Fig. 2 – Couverture du livre L'Ésotérisme et le symbolisme belge écrit par Sébastien Clerbois et préfacé par Daniel Guegen.
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Fig. 2 – Couverture du livre L'Ésotérisme et le symbolisme belge écrit par Sébastien Clerbois et préfacé par Daniel Guegen.

1892 voit aussi le lancement, à Bruxelles, de la branche belge du Groupe Indépendant d’Études Ésotériques, plus connu sous le nom de Kumris qui est l’émanation kabbalistique et martiniste de la Rose+Croix de Papus. Il n’est pas de mouvement plus secret que Kumris dont Jean Delville est très proche. C’était en même temps un groupe mondain (la mode est à l’ésotérisme), avec beaucoup de femmes, de belles toilettes et une activité mêlant l’occultisme et une recherche artistique innovante. Ainsi, Kumris fut à l’avant-garde dans la découverte de l’art primitif africain, de son importance esthétique et initiatique.

Les années suivantes verront Deville exposer aux quatre premiers Salons Rose+Croix de Péladan, créer les Salons Pour l’Art, puis les Salons d’Art idéaliste. Ces mouvements relèvent d’un plan programmé et démontrent une parfaite maîtrise de Delville dans la gestion de sa carrière et de son art. Dans son rôle d’organisateur de salons, Jean Delville connaîtra des moments précaires et chaque fois il sera soutenu par ses Frères : Ciamberlani toujours, Rousseau, Hennebicq et aussi Edmond Picard dont la proximité avec les milieux maçonniques ne fait aucun doute.

Une carrière maçonnique impressionnante et turbulente ! L’affaire Matton

Fig. 3 – Jean Delville en habits maçonniques
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Fig. 3 – Jean Delville en habits maçonniques

Jean Delville est initié à la Loge Les Amis philanthropes en 1903. Son ami Rousseau est membre de ce même atelier depuis 1898. Delville va connaître une carrière maçonnique impressionnante : Vénérable Maître des Amis philanthropes, Trois Fois Puissant au 14e degré, Deuxième Grand Surveillant au 18e degré, celui des Chevaliers Rose-Croix, Grand Orateur au grade de Chevalier Kadosch, membre du Grand Collège des Rites au 33e degré, Grand Inspecteur Général, le grade maçonnique le plus élevé. Ce brillant parcours maçonnique ne va pas aller sans incidents qui nous éclairent sur les côtés sombres de la personnalité de Jean Delville. Le premier incident est « l’affaire Matton » du nom d’un Frère des Amis Philanthropes, un sculpteur, socialiste et enclin à une approche politique de la maçonnerie, ce qu’abomine Delville. L’origine du conflit réside dans la nomination d’Arsène Matton comme Professeur à l’Académie de Bruxelles. Un article anonyme paru dans Le Soir dénonce cette nomination. On découvre que l’auteur n’est autre que Jean Delville. Des gifles s’échangent. Delville est protégé par ses amitiés dans les hauts grades et Arsène Matton décide de quitter la Loge. Mais la sanction contre Delville sera terrible. Les Amis Philanthropes refuseront d’accorder à Jean Delville le poste qu’il convoitait : celui de Conservateur du petit Musée de la Loge. Il faut savoir qu’à l’époque les Frères artistes – et il n’en manquait pas – payaient souvent leur frais d’initiation et leur cotisation en offrant une œuvre à leur Atelier. C’est pour Jean Delville une véritable humiliation.

Première Guerre mondiale : la Loge Roi Albert à Londres

Président de la Ligue des artistes belges Jean Delville va être l’artisan de l'ouvrage Belgian Art in exile. Il signera plusieurs articles et présentera plusieurs œuvres dont une sanguine. En parallèle, Jean Delville est membre de la Loge Roi Albert à Londres dont il devient Vénérable en 1916 au terme d’une élection qui interpelle car battu au premier tour par le Frère Robert Billiard, celui-ci se retire permettant à Jean Delville d’être élu au deuxième tour.

Dans le contexte tendu de la guerre, la Loge Roi Albert est déchirée entre les partisans d’une approche initiatique traditionnelle et les défenseurs d’un rôle plus politique de la maçonnerie. Jean Delville est élu pour apaiser ces tensions, mais il ne peut s’empêcher – c’est plus fort que lui – de faire des liens constants entre maçonnerie et occultisme, ce qui déplait. Les comptes rendus des tenues en témoignent : « Nerveux et prompt dans les débats à relever un point de droit ou d’histoire maçonnique, Delville brûlant de la flamme des apôtres, confondant dans une même ardeur la Maçonnerie et l’occultisme, poursuivant son grand idéal de justice et de beauté»  (2).

Vénérable des Amis philanthropes et théosophe

En 1925, Jean Delville est difficilement élu Vénérable Maître des Amis philanthropes. Comme on dirait aujourd’hui, il est « clivant ». L’incident se produit à l’occasion d’une planche du Frère Wittemans sur le thème : « Ce que devrait être la Maçonnerie ». L’orateur s’inspire très largement d’un ouvrage de Charles Leadbeater La Maçonnerie occulte. Leadbeater est un des Pères fondateurs de la Théosophie avec Helena Blavatsky et Annie Besant. Il est également un franc-maçon de très haut grade. Leadbeater raconte les initiations maçonniques dans les Temples égyptiens pour les avoir vécues lui-même dans une vie antérieure. C’en est trop pour de nombreux Frères qui s’opposent à cette vision «réincarnationniste» et théosophique. Jean Delville s’emporte et remet sa démission.

En sa qualité de Grand Orateur au grade de Chevalier Kadosh, Jean Delville, en mai 1921, présente un long morceau d’architecture qui n’a rien de maçonnique ni de symbolique, mais traite de la Loi du karma et de la réincarnation des êtres !

La dernière trace maçonnique de Jean Delville remonte à 1928. Ensuite, plus rien. Le Grand Orient de Belgique n’annonce pas sa mort en 1953 contrairement à tous les autres dignitaires décédés cette année-là et dont le souvenir est longuement évoqué dans un bulletin du Suprême Conseil de Belgique. Il est tout simplement oublié.

Un théosophe très actif

Peut-on être théosophe et franc-maçon ? J’ai longtemps pensé que non, la théosophie m’apparaissant comme une « pseudo-religion » pour prendre l’expression de René Guénon. Sous un certain angle, maçonnerie et théosophie sont proches : on étudie, on rassemble, on se veut tolérant, on œuvre à l’amélioration matérielle et morale de l’humanité. D’ailleurs, la plupart des fondateurs ou hauts dignitaires du Mouvement théosophique moderne en 1875 sont des francs-maçons : Blavatsky, Besant qui lui succède et Leadbeater. Mais tandis que la maçonnerie rejette la notion même de « vérité » et se distancie de toutes les religions, la théosophie se définit comme l’ensemble des vérités formant la base de toutes les religions dont elle éclaire le sens caché.

La théosophie comporte un socle de vérités recueillies par clairvoyance par Blavatsky dans sa Doctrine secrète, un ouvrage majestueux, autoritaire et dérangeant s’il en est. Pour les théosophes tout est évolution : de la pierre à la plante, du végétal à l’animal, de l’animal à l’humain, de l’humain à la divinité. La loi du Karma et la réincarnation sont également deux composantes essentielles de la théosophie. Dans les années 1900 tout ceci était très nouveau et de nature à attirer tous ceux séduits par l’orientalisme ou les spiritualités nouvelles exposées par Schuré avec un sens aigu de la pédagogie et de la communication. Petit problème cependant, la théosophie établit des normes d’évolution assimilables à autant de dogmes. Ainsi l’évolution animale aurait-elle eu lieu voici 300 millions d’années, tandis que l’évolution humaine aurait débuté voici 18.618.727 années ! L’évolution de l’homme du stade éthérique au stade physique est expliquée avec force détails via des chaînes planétaires, des rondes, des races et des sous-races dont l’origine remonte à 8 milliards 640 millions d’années. À tout ceci Jean Deville adhère et s’en fait l’ardent promoteur. Pour le dire brutalement, il est endoctriné.

Avec énergie, Jean Delville va donc se mobiliser pour la théosophie et avec d’importants moyens : des journaux tels La Lumière ou La Revue théosophique belge qu’il porte à bout de bras. Des livres, des articles, des conférences, un incroyable effort de conviction et de communication qui portera Delville à la tête du mouvement théosophique belge. Dans son action théosophique, Delville sera en relation constante avec Paul Otlet et Henri Lafontaine, cofondateurs du Mundaneum et inventeurs d’un système de classification universel ; Henri Lafontaine ayant, en outre, reçu le Prix Nobel de la Paix en 1913. À noter que Jean Delville est entré en théosophie en 1899. Il est devenu théosophe avant de devenir maçon, ce qui est rare ; mais ce qui explique beaucoup.

Jean Delville et Annie Besant découvrent le nouveau Christ, Krishnamurti !

Krishnamurti fut une incroyable affaire où Jean Delville se mobilisa pleinement et se consuma ! Né en Inde en 1895, c’est le fils d’un brahmane, un très bel enfant, doté d’une vive intelligence et d’une inclinaison à la spiritualité. Leadbeater et Besant vont en faire « Le nouveau Christ », « L’instructeur du Monde ». Pour lui, ils vont créer l’Ordre de l’Étoile d’Orient, puis l’Ordre de l’Orient dont Krishnamurti sera le Président et Jean Deville, le chef opérateur pour la Belgique, sinon pour l’Europe.

Là encore Jean Delville, va s’employer. Livres, brochures, journaux, articles, camps, conférences. Il est sur tous les fronts. De très importants rassemblements sont organisés à Paris, aux Pays-Bas, aux États-Unis, en Inde… Jean Delville, de plus en plus enclin à la religiosité, de plus en plus christique ne doute pas que Krisnamurti soit bien le nouveau Christ. Las, c’est Krishnamurti lui-même qui, devenu adulte, va enclencher la marche arrière dans les années 1930-31. « Il ne peut exister un Seigneur des religions du Monde »  (3), déclare-t-il en concluant à l’inutilité de l’Ordre de l’Orient et à sa dissolution ! Pour Jean Deville le choc est terrible. Il en est anéanti !

Les années de Mons : un trou noir ou un retour vers la sérénité ?

Les années 1925-1930 ont été pour Jean Deville des années d’extrême activité, d’extrême tension et d’extrême déception. Au fond il a perdu sur tous les tableaux. Ses positions tranchées sur l’art et les artistes, à vrai dire souvent excessives, l’ont marginalisé, si pas banni. On observe qu’un nombre significatif de revues ou de livres consacrés à la période 1920-1930 omettent de citer le nom de Delville comme s’il était pestiféré. Côté ésotérique c’est le même constat d’échec : démission comme Vénérable des Amis philanthropes et mise à l’écart des hautes instances pour déviationnisme. Le coup de trop, c’est Krishnamurti. Tant d’efforts, tant de conviction, tant de sincérité pour être désavoué, ridiculisé par l’objet de sa vénération ! Jean Delville est allé tellement loin dans l’excès qu’il est tombé dans une involution, une sorte d’anti-initiation.

C’est à cet instant précis de cette descente aux enfers que Jean Delville va rencontrer Émilie Leclercq une ancienne étudiante à l’Académie des Beaux-Arts avec laquelle il va nouer une idylle et pour laquelle il va quitter femme et enfants pour s’installer pendant 15 ans à Mons. Dès le début, cet amour est un amour malheureux. Leur correspondance dans les années 1931-1932 est éclairante. Certes, Jean Delville lui exprime son amour et sa sensualité, mais c’est une relation inquiète, toujours sur le qui-vive, sous la menace que maîtresse et épouse se rencontrent.

Mais c’est plus fort que tout, ils s’installent ensemble pour des amours là encore malheureuses, si pas désespérées. Émilie Leclercq s’avère une personnalité à l’opposé de Jean Delville. Ce dernier se démène pour faire vivre ses deux foyers, fait de la peinture alimentaire, et compte sur de vieux amis, comme René Harvent, pour ne pas sombrer financièrement et affectivement. En mai 1947, c’est le retour pitoyable vers la famille qui l’accueille de l’extrême bout des lèvres non sans avoir détruit tout ce qui pouvait rappeler son existence dans la maison de l’avenue des Sept Bonniers.

Les dernières années : la Vision de Paix

Fig. 4 – L’Homme-Dieu, 1901-1903. Huile sur toile, 550 x 500 cm. Bruges, Groeningemuseum.
Photo Groeningemuseum, Lukasweb.Close
Fig. 4 – L’Homme-Dieu, 1901-1903. Huile sur toile, Bruges, Groeningemuseum.

Dans le livre consacré à son père, Olivier Delville raconte que vers les années 30 Jean Delville était tombé dans l’escalier et qu’il ne s’en était jamais remis, expliquant ainsi son installation irraisonnée avec Emilie Leclercq. En réalité, il peut être démontré que Jean Deville avait conservé un intellect parfait. En 1951, à 84 ans, il écrit à son ami Henri Mortiaux une lettre de 4 pages expliquant la signification esthétique, symbolique et ésotérique de sa toile L'Homme-Dieu. Avec force détails, une écriture ferme et une pensée très résolue.

Tout ce que nous savons de Delville en cette période démontre qu’il a terminé sa vie dans la sérénité ayant beaucoup vu, beaucoup vécu, beaucoup souffert, beaucoup aimé, beaucoup lutté. Dans ses dernières années il se reconstruit spirituellement et se prépare sereinement à sa prochaine incarnation.

Jean Deville a peint ou dessiné un nombre somme toute limité d’œuvres réellement ésotériques ou occultes. Outre L’Homme-Dieu et Mysteriosa ou Le Portrait de Madame Stuart Merril, on peut citer : L’École de Platon, L’Amour des Âmes, Séraphita, Prométhée, Portrait du Grand Maître de la Rose+Croix, d’autres bien sûr, … Mais Vision de la Paix va au-delà des messages occultes transmis jusque-là par Jean Delville dans ses peintures. Vision de la Paix  peut assurément être présentée comme son testament ésotérique. La datation par l’artiste est illisible, probablement 1945-1947. Mais le message demeure. Et il est impressionnant.

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    Fig. 9 – La Vision de la paix, 1947. Huile sur toile, 100 x 120 cm. Collection privée.
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    Fig. 9 – La Vision de la paix, 1947. Huile sur toile. Collection privée.

    Très distinctement et très volontairement Deville signe la toile du prénom JEN au lieu de Jean, effaçant la première lettre de l’alphabet, le « A » symbole de commencement. Avec cette signature JEN Delville se rattache d’emblée à l’infini du porteur de lumière. L’œuvre exprime un acte de foi et d’espérance en une vie nouvelle dans le Temple universel de la Fraternité. Dans cette œuvre, tout n’est que symboles : le triangle d’or - Kabbale, Magie, Hermétisme – formant le triangle parfait du savoir humain ; les 3 pigeons (la Paix) ; les 3 agneaux (l’innocence) ; le chiffre 13 (7 enfants et 6 animaux) symbole des forces obscures ; la couleur verte (l’espoir) ; Adam et Ève nus ou le Paradis terrestre ; à l’extérieur du Temple, le règne de Satan ; et au centre le porteur de lumière avec les bras ouverts en un double symbole d’infini et de puissance. Le porteur de lumière, c’est le nouveau Christ, c’est Krishnamurti idéalisé. Le vrai Krishnamurti, homme d’équilibre et de foi humanisée.

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      Ainsi était Jean Delville.