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Défilages
Carine Kool
La broderie, un art révolutionnaire ?
La broderie, un « art naturellement révolutionnaire » ou l’usage de la broderie par les artistes contemporains.
Charlotte Limonne
Vêtement : Parure ou doublure ?
L’usage du vêtement dans le travail de femmes artistes
au cours des dernières décennies du XXe siècle
Dossiers
Introduction
Défilages - Art, textile & genre
De l’avant-scène artistique jusqu’à la création sortant des écoles, l’art textile est aujourd’hui devenu incontournable dans le monde de l’art actuel. Si les créations d’artistes comme Louise Bourgeois, Tapta ou encore Marianne Berenhaut s’inscrivent d’abord dans la lignée d’une revendication féministe, les gestes de tisser, de broder, de coudre, mais aussi l’utilisation du vêtement dans des pratiques performatrices, se retrouvent finalement dans le travail d’un nombre impressionnant d’artistes, culturellement diversifiés mais toujours préoccupé(e)s par des questions de genre.
Un changement semble pourtant se dessiner. Élargissant le champ des pratiques et les redynamisant de façon parfois surprenante, ces œuvres sont loin de l’association restrictive à un « art des dames » ou un « art domestique ». L’exploration de ce territoire permet à présent de mêler le genre au social, à l’économique, voire au géopolitique. Les exemples se bousculent : images pornographiques brodées chez Ghada Amer, dessus-de-lit biographiques de Tracy Emin, broderies palestiniennes sur tissu chez Mona Hatoum, cartes démographiques du conflit syrien par Tiffany Chung, fluctuations du marché économique retranscrit par des pratiques de broderies ancestrales chez Maja Bajevic, jusqu’au travail remarquable de Maria Lai, Heidi Bucher ou encore le gigantesque mur de pelotes de Sheila Hicks (intitulé Escalade Beyond Chromatic Lands) présentes à la 57ème Biennale de Venise cette année, sans finalement oublier les performances où le vêtement prend une place symbolique et primordiale, de Marina Abramovic à l’artiste turque Nezaket Ekici. La scène francophone n’est pas en reste comme le démontre, entre autres exemples, le travail de Fanny Viollet, Tatiana Bohm, Stephan Goldrajch, Cathy Alvarez & Alexia Creusen ou encore Élodie Antoine.
Très loin des stéréotypes, ces exemples contemporains - tout en offrant un prolongement à des pratiques ancestrales - reflètent une réflexion aiguë et une créativité sans cesse renouvelée. S’appropriant le textile pour revisiter l’Histoire, la société, les rapports sociaux et politiques, l’art textile est ainsi devenu le lieu d’un questionnement intersectionnel qui soulève le voile féministe sous lequel il avait été longtemps refoulé. Dans la lignée des réflexions qui ont été menées durant le colloque Défilages - Genre & Art textile aujourd’hui (Mars 2016, ULB), les reporticles de ce dossier cherchent à nourrir une réflexion sur ces utilisations artistiques multiples, prenant comme cadre le questionnement de la théoricienne Rozsika Parker dans son livre emblématique The Subversive Stitch - Embroidery and the Making of the Feminine (1984). L’art textile est-il toujours un « art naturellement révolutionnaire », et si oui, comment exprime-t-il cette propension aujourd’hui, aussi bien au niveau des œuvres, que des artistes, des curateurs et de ceux qui l’enseignent ?
Muriel Andrin (ULB) & Anaëlle Prêtre (Aspirante FNRS, ULB)
Carine KOOL, La broderie, un art révolutionnaire ?
Dans The Subversive Stitch: Embroidery and the Making of the Feminine publié en 1984, l’historienne de l’art Rozsika Parker révèle l’ambivalence de la broderie qui, pendant plusieurs siècles, a été pour les femmes une arme de résistance en même temps qu’une source de contrainte. Au XXe siècle, des artistes se sont saisis de cette ambivalence comme voix d’expression et ont fait de la broderie un « art révolutionnaire »pour reprendre le terme de Parker.
Mais avant de chercher à savoir si la broderie est effectivement un « art révolutionnaire », il nous semble utile d’en définir précisément l’acception et d’en délimiter l’usage par rapport aux autres pratiques du fil en art contemporain que sont, entre autres, le tricot, le crochet, le tissage, la tapisserie, la dentelle et la couture.
D’autre part, la contextualisation de la broderie montre qu’elle a été utilisée par des féministes dès le début du XXe siècle en Angleterre pour revendiquer le droit de vote, ensuite par des artistes féministes dans les années 1970 (Judy Chicago, Annette Messager) qui, en jouant de cette ambivalence de la broderie dans un acte de subversion revendiquèrent un statut de femme et d’artiste et l’accès à l’espace public d’exposition. Elles firent passer la broderie du monde privé de la domesticité au monde des beaux-arts.
Vingt ans plus tard, les artistes femmes ne sont plus maintenues éloignées du monde de l’art et la frontière entre le public et le privé s’est même progressivement dissoute pour faire place au confidentiel. C’est dans ce contexte qu’en 1995 l’artiste britannique Tracey Emin expose son œuvre séminale, Everyone I Have Ever Slept With 1963-1995, une tente brodée. Elle y donne corps à une redéfinition personnelle du féminin et à un art agencé de l’intime.
Charlotte LIMONNE, Vêtement : Parure ou doublure ? L’usage du vêtement dans le travail de femmes artistes au cours des dernières décennies du XXe siècle
Il arrive fréquemment que le vêtement soit perçu comme une seconde peau qui double notre peau originelle. Doublure, parure, avec ces mots, il est plus aisé de comprendre les rôles paradoxaux assignés au vêtement qui, à la fois, doit cacher, voiler le corps et le parer, c’est-à-dire attirer les regards, signifier un pouvoir ou un statut social. Que dire alors des artistes qui tissent ou brodent cheveux, poils de toutes sortes au point de faire des vêtements avec la matière même que ceux-ci doivent ordinairement dissimuler ? Il me semble que s’engagent ici des jeux (et enjeux) de genre très intéressants, que je me propose de mieux étudier.
Pour cela, je commence par présenter le travail de Rebecca Horn et notamment, ses œuvres textiles qu’elle a portées ou fait porter lors de performances s’inspirant souvent des rites de séduction et des parades animales. Puis, je me porte vers des œuvres plus critiques vis-à-vis du vêtement et de son rôle : Mona Hatoum, Jana Sterback et Nadine Lahoz-Quilez ont, toutes trois, créé des vêtements à partir de cheveux. Ainsi, pour ces femmes artistes, il semble que cheveux et poils soient le moyen de subvertir les critères normatifs définissant la féminité. Cependant, si le vêtement est le moyen de séduire, mais surtout, de donner à voir le statut social d’une personne ou son genre, il permet également la tromperie par le travestissement. C’est ce que nous révèle le travail d’Annette Messager, donnant à voir une mascarade d’identités mêlées. Du vêtement comme double trompeur, je termine en analysant la série de Lygia Clark, habit-corps-habit, qui me permet d’envisager un nouveau vêtement dont le rôle serait plus positif. Ainsi, les combinaisons que crée l’artiste dans les années 1960, offrent, par des jeux de poches et de doublures, la possibilité d’expérimenter toute la gamme des potentialités humaines et, peut-être même, la fin de l’opposition systématique des sexes.
Anaëlle PRÊTRE, De la tradition au détournement : la symbolique du vestiaire féminin dans les performances de Nezaket Ekici
Nezaket Ekici - artiste turque née en 1970 et résidant en Allemagne - s’est construit une pratique artistique performative, accompagnée d’une utilisation de la vidéo et des procédés d’installation. À l’instar de Marina Abramoviæ, dont elle a été l’élève, Ekici met généralement son corps à l’épreuve dans des performances qui témoignent d’un goût non dissimulé pour le spectaculaire. Ses actions interrogent différentes thématiques - « genrées », politiques, culturelles et identitaires - dans une volonté affirmée de « dépasser les frontières » entre Occident et Moyen-Orient, s’inscrivant dans une perspective intersectionnelle. Pour ce faire, Ekici utilise le vêtement comme un vecteur emblématique. Qu’il s’agisse d’une robe de mariée, d’une robe de soirée ou d’un voile, il n’est plus seulement un accessoire, mais participe pleinement à l’action performative et au discours qui s’en dégage.
Cette intervention entend donc se pencher sur le rôle du vêtement dans les performances de cette artiste singulière, en s’interrogeant sur les multiples charges symboliques qu’il convoque.
Julie LAVIGNE, Le fil de la subversion : pornographie et autres plaisirs au féminin chez Ghada Amer
Cet article aborde la question centrale de la représentation du genre et de la sexualité dans l’œuvre de Ghada Amer, en ayant recours à la conception du genre telle que développée par Judith Butler, par laquelle le genre n’existe pas en soi. La stratégie artistique de Ghada Amer emprunte littéralement cette répétition des normes de genre afin de le subvertir. En effet, l’artiste reprend une technique traditionnellement féminine, la broderie, pour interroger les images et les plaisirs de femmes véhiculées par la pornographie et les princesses Disney. La broderie travaillée ainsi sur toile, très souvent combinée avec un autre médium artistique, aura pour effet de passer du statut artisanal et typiquement féminin à celui de grand art, d’art contemporain rappelant aussi au passage des œuvres de « grands maîtres » (les œuvres de Jackson Pollock par exemple). La stratégie d’Amer convoque ainsi une série de dichotomies afin de les nuancer voire de les déconstruire : artisanat et beaux-arts, histoire de l’art et culture populaire, imagerie enfantine et sexuellement explicite, érotisme et pornographie, et in fine le féminin et le masculin.
Anaëlle PRÊTRE, Les ‘Nus rhabillés’ de Fanny Viollet ou la confusion des genres
Depuis 1996, Fanny Viollet a rhabillé - en les brodant - quelques 550 cartes postales achetées dans les musées, reproduisant des nus de l’art de la Renaissance à nos jours. Sa virtuosité technique est mise au service d’un jeu permanent avec les codes de l’art et des genres, suscitant une joyeuse liberté de regard entre les époques, un hommage aux grands et petits maîtres, et un pied de nez aux sectarismes.
De l’avant-scène artistique jusqu’à la création sortant des écoles, l’art textile est aujourd’hui devenu incontournable dans le monde de l’art actuel. Si les créations d’artistes comme Louise Bourgeois, Tapta ou encore Marianne Berenhaut s’inscrivent d’abord dans la lignée d’une revendication féministe, les gestes de tisser, de broder, de coudre, mais aussi l’utilisation du vêtement dans des pratiques performatrices, se retrouvent finalement dans le travail d’un nombre impressionnant d’artistes, culturellement diversifiés mais toujours préoccupé(e)s par des questions de genre.
Un changement semble pourtant se dessiner. Élargissant le champ des pratiques et les redynamisant de façon parfois surprenante, ces œuvres sont loin de l’association restrictive à un « art des dames » ou un « art domestique ». L’exploration de ce territoire permet à présent de mêler le genre au social, à l’économique, voire au géopolitique. Les exemples se bousculent : images pornographiques brodées chez Ghada Amer, dessus-de-lit biographiques de Tracy Emin, broderies palestiniennes sur tissu chez Mona Hatoum, cartes démographiques du conflit syrien par Tiffany Chung, fluctuations du marché économique retranscrit par des pratiques de broderies ancestrales chez Maja Bajevic, jusqu’au travail remarquable de Maria Lai, Heidi Bucher ou encore le gigantesque mur de pelotes de Sheila Hicks (intitulé Escalade Beyond Chromatic Lands) présentes à la 57ème Biennale de Venise cette année, sans finalement oublier les performances où le vêtement prend une place symbolique et primordiale, de Marina Abramovic à l’artiste turque Nezaket Ekici. La scène francophone n’est pas en reste comme le démontre, entre autres exemples, le travail de Fanny Viollet, Tatiana Bohm, Stephan Goldrajch, Cathy Alvarez & Alexia Creusen ou encore Élodie Antoine.
Très loin des stéréotypes, ces exemples contemporains - tout en offrant un prolongement à des pratiques ancestrales - reflètent une réflexion aiguë et une créativité sans cesse renouvelée. S’appropriant le textile pour revisiter l’Histoire, la société, les rapports sociaux et politiques, l’art textile est ainsi devenu le lieu d’un questionnement intersectionnel qui soulève le voile féministe sous lequel il avait été longtemps refoulé. Dans la lignée des réflexions qui ont été menées durant le colloque Défilages - Genre & Art textile aujourd’hui (Mars 2016, ULB), les reporticles de ce dossier cherchent à nourrir une réflexion sur ces utilisations artistiques multiples, prenant comme cadre le questionnement de la théoricienne Rozsika Parker dans son livre emblématique The Subversive Stitch - Embroidery and the Making of the Feminine (1984). L’art textile est-il toujours un « art naturellement révolutionnaire », et si oui, comment exprime-t-il cette propension aujourd’hui, aussi bien au niveau des œuvres, que des artistes, des curateurs et de ceux qui l’enseignent ?
Muriel Andrin (ULB) & Anaëlle Prêtre (Aspirante FNRS, ULB)
Carine KOOL, La broderie, un art révolutionnaire ?
Dans The Subversive Stitch: Embroidery and the Making of the Feminine publié en 1984, l’historienne de l’art Rozsika Parker révèle l’ambivalence de la broderie qui, pendant plusieurs siècles, a été pour les femmes une arme de résistance en même temps qu’une source de contrainte. Au XXe siècle, des artistes se sont saisis de cette ambivalence comme voix d’expression et ont fait de la broderie un « art révolutionnaire »pour reprendre le terme de Parker.
Mais avant de chercher à savoir si la broderie est effectivement un « art révolutionnaire », il nous semble utile d’en définir précisément l’acception et d’en délimiter l’usage par rapport aux autres pratiques du fil en art contemporain que sont, entre autres, le tricot, le crochet, le tissage, la tapisserie, la dentelle et la couture.
D’autre part, la contextualisation de la broderie montre qu’elle a été utilisée par des féministes dès le début du XXe siècle en Angleterre pour revendiquer le droit de vote, ensuite par des artistes féministes dans les années 1970 (Judy Chicago, Annette Messager) qui, en jouant de cette ambivalence de la broderie dans un acte de subversion revendiquèrent un statut de femme et d’artiste et l’accès à l’espace public d’exposition. Elles firent passer la broderie du monde privé de la domesticité au monde des beaux-arts.
Vingt ans plus tard, les artistes femmes ne sont plus maintenues éloignées du monde de l’art et la frontière entre le public et le privé s’est même progressivement dissoute pour faire place au confidentiel. C’est dans ce contexte qu’en 1995 l’artiste britannique Tracey Emin expose son œuvre séminale, Everyone I Have Ever Slept With 1963-1995, une tente brodée. Elle y donne corps à une redéfinition personnelle du féminin et à un art agencé de l’intime.
Charlotte LIMONNE, Vêtement : Parure ou doublure ? L’usage du vêtement dans le travail de femmes artistes au cours des dernières décennies du XXe siècle
Il arrive fréquemment que le vêtement soit perçu comme une seconde peau qui double notre peau originelle. Doublure, parure, avec ces mots, il est plus aisé de comprendre les rôles paradoxaux assignés au vêtement qui, à la fois, doit cacher, voiler le corps et le parer, c’est-à-dire attirer les regards, signifier un pouvoir ou un statut social. Que dire alors des artistes qui tissent ou brodent cheveux, poils de toutes sortes au point de faire des vêtements avec la matière même que ceux-ci doivent ordinairement dissimuler ? Il me semble que s’engagent ici des jeux (et enjeux) de genre très intéressants, que je me propose de mieux étudier.
Pour cela, je commence par présenter le travail de Rebecca Horn et notamment, ses œuvres textiles qu’elle a portées ou fait porter lors de performances s’inspirant souvent des rites de séduction et des parades animales. Puis, je me porte vers des œuvres plus critiques vis-à-vis du vêtement et de son rôle : Mona Hatoum, Jana Sterback et Nadine Lahoz-Quilez ont, toutes trois, créé des vêtements à partir de cheveux. Ainsi, pour ces femmes artistes, il semble que cheveux et poils soient le moyen de subvertir les critères normatifs définissant la féminité. Cependant, si le vêtement est le moyen de séduire, mais surtout, de donner à voir le statut social d’une personne ou son genre, il permet également la tromperie par le travestissement. C’est ce que nous révèle le travail d’Annette Messager, donnant à voir une mascarade d’identités mêlées. Du vêtement comme double trompeur, je termine en analysant la série de Lygia Clark, habit-corps-habit, qui me permet d’envisager un nouveau vêtement dont le rôle serait plus positif. Ainsi, les combinaisons que crée l’artiste dans les années 1960, offrent, par des jeux de poches et de doublures, la possibilité d’expérimenter toute la gamme des potentialités humaines et, peut-être même, la fin de l’opposition systématique des sexes.
Anaëlle PRÊTRE, De la tradition au détournement : la symbolique du vestiaire féminin dans les performances de Nezaket Ekici
Nezaket Ekici - artiste turque née en 1970 et résidant en Allemagne - s’est construit une pratique artistique performative, accompagnée d’une utilisation de la vidéo et des procédés d’installation. À l’instar de Marina Abramoviæ, dont elle a été l’élève, Ekici met généralement son corps à l’épreuve dans des performances qui témoignent d’un goût non dissimulé pour le spectaculaire. Ses actions interrogent différentes thématiques - « genrées », politiques, culturelles et identitaires - dans une volonté affirmée de « dépasser les frontières » entre Occident et Moyen-Orient, s’inscrivant dans une perspective intersectionnelle. Pour ce faire, Ekici utilise le vêtement comme un vecteur emblématique. Qu’il s’agisse d’une robe de mariée, d’une robe de soirée ou d’un voile, il n’est plus seulement un accessoire, mais participe pleinement à l’action performative et au discours qui s’en dégage.
Cette intervention entend donc se pencher sur le rôle du vêtement dans les performances de cette artiste singulière, en s’interrogeant sur les multiples charges symboliques qu’il convoque.
Julie LAVIGNE, Le fil de la subversion : pornographie et autres plaisirs au féminin chez Ghada Amer
Cet article aborde la question centrale de la représentation du genre et de la sexualité dans l’œuvre de Ghada Amer, en ayant recours à la conception du genre telle que développée par Judith Butler, par laquelle le genre n’existe pas en soi. La stratégie artistique de Ghada Amer emprunte littéralement cette répétition des normes de genre afin de le subvertir. En effet, l’artiste reprend une technique traditionnellement féminine, la broderie, pour interroger les images et les plaisirs de femmes véhiculées par la pornographie et les princesses Disney. La broderie travaillée ainsi sur toile, très souvent combinée avec un autre médium artistique, aura pour effet de passer du statut artisanal et typiquement féminin à celui de grand art, d’art contemporain rappelant aussi au passage des œuvres de « grands maîtres » (les œuvres de Jackson Pollock par exemple). La stratégie d’Amer convoque ainsi une série de dichotomies afin de les nuancer voire de les déconstruire : artisanat et beaux-arts, histoire de l’art et culture populaire, imagerie enfantine et sexuellement explicite, érotisme et pornographie, et in fine le féminin et le masculin.
Anaëlle PRÊTRE, Les ‘Nus rhabillés’ de Fanny Viollet ou la confusion des genres
Depuis 1996, Fanny Viollet a rhabillé - en les brodant - quelques 550 cartes postales achetées dans les musées, reproduisant des nus de l’art de la Renaissance à nos jours. Sa virtuosité technique est mise au service d’un jeu permanent avec les codes de l’art et des genres, suscitant une joyeuse liberté de regard entre les époques, un hommage aux grands et petits maîtres, et un pied de nez aux sectarismes.
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