La Madone de Maerten van Nieuwenhove, l’une des œuvres les plus célèbres de Hans Memling, conservée à l’Hôpital Saint-Jean de Bruges, possède un double : une Vierge à l’Enfant à peu près identique appartenant à un collectionneur privé : la Madone dite de Béthune. L’authenticité de cette dernière a semblé récemment remise en question. Il est vrai qu’elle aurait été restaurée par le célèbre faussaire belge Joseph Van der Veken, qui aurait pu la repeindre complètement. En réalité, l’ancienneté de la Madone de Béthune ne fait aucun doute, comme le démontrent les examens de laboratoire. Elle a été réalisée par un collaborateur de Memling, qui avait appris à peindre dans son style et avait accès à ses études préparatoires. La dévalorisation croissante dont le panneau a été victime dans les études d’histoire de l’art depuis 1945 s’explique par la nouvelle religion de l’autographie, qui domine de plus en plus la discipline. Les imitations contemporaines du style d’un grand maître apparaissent dans ce contexte comme des œuvres suspectes.