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Martial Raysse
Actualités

24 Avril 2015

Martial Raysse ADAGP / Courtesy Collection Pinault / Palazzo Grassi
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« On a commenté à propos de mon changement de cap : Martial retourne à la peinture. C’est faux. J’y arrive à peine. On a une page blanche devant soi et on se trouve exactement devant la même situation qu’au Moyen Age. Rien n’a changé ». Martial Raysse

2015-1958 / 1958-2015 : prendre l’histoire à rebours, non pas pour dérouler le fil du temps et remonter à la source, mais bien pour confronter les époques, tel est le propos de l’exposition que Palazzo Grassi – Pinault Collection consacre aujourd’hui à Martial Raysse.

Le parti pris est celui d’offrir à la fois des perspectives et une rétrospective, en appréhendant le travail de Martial Raysse non pas de façon chronologique, mais sous un angle contemporain, c’est-à-dire au regard de son travail le plus récent. Notre conviction est en effet que le travail le plus récent modifie la façon de regarder le plus ancien, et apporte une plus grande profondeur en relançant la question de la peinture, comme celle de l’artiste. Comme le dit brillamment Giorgio Agamben, « celui qui appartient véritablement à son temps, le vrai contemporain, est celui qui ne coïncide pas parfaitement avec lui ni n’adhère à ses prétentions, et se définit, en ce sens, comme inactuel ; mais précisément pour cette raison, précisément par cet écart et cet anachronisme, il est plus apte que les autres à percevoir et à saisir son temps ».

Martial Raysse fait partie de ces quelques artistes pour qui se confronter à la « grande » histoire de l’art est le véritable enjeu, et ceci depuis le début de son engagement. Que ce soit par la distance, par l’humour, ou en s’essayant à la copie des maîtres, en vertu du principe énoncé par Eugenio Garin selon lequel, « imiter (…) c’est prendre conscience de sa propre originalité ». Il fait ainsi son apprentissage, et durant toute sa vie nous voyons comme en arrière-plan non seulement l’histoire de l’art et les chefs-d’œuvre de la renaissance, mais aussi le quotidien si banal – de l’esthétique des Monoprix à l’ennui des petites choses. Contrairement à la renaissance, où les artistes devaient répondre à certaines contraintes, notamment dans le traitement des sujets religieux ou les portraits de maîtres, Martial Raysse a travaillé toute sa vie à sauvegarder son indépendance. Il propose une sorte d’utopie humaine et représente la vie de tout un chacun d’une façon qui laisse penser qu’il cherche à nous redonner espoir en notre condition. Son goût pour la représentation des femmes va au-delà de l’attirance sexuelle ou de la beauté classique ; il est fasciné par l’Inconnue.

Dans ses tableaux d’histoires, il nous propose une distance critique avec ce que l’on peut voir ou croire. Il réveille des enjeux mythologiques (« L’Enfance de Bacchus » ou « Le Jour des Roses sur le Toit » par exemple) et parle par là même de la consommation à outrance, de la distance avec le politique (« Poisson d’Avril » et « Ici Plage, comme ici-bas »), ou encore de la volonté de rire avec son époque (« Le carnaval à Périgueux »). Peintre, sculpteur, dessinateur, mais aussi poète et cinéaste…autant de termes –forcément réducteurs – qui tentent de définir cet artiste multiple et inclassable, dont l’œuvre traverse la seconde moitié du XXe siècle et continue, aujourd’hui encore, à nous surprendre par sa singularité. En créant un dialogue ininterrompu entre les œuvres, le parcours de l’exposition apporte un regard nouveau sur le travail de Martial Raysse tout en mettant en évidence les allers retours incessants effectués par l’artiste au sein de ses propres œuvres.
L’exposition montre également l’énorme travail que sous-tend une telle œuvre, laquelle, au-delà de la création de « beaux-objets » vise à proposer une sorte de philosophie de la vie. Par la radicalité et la liberté de traitement, Martial Raysse nous donne à voir la beauté du monde, l’importance pour chacun de s’y engager, la responsabilité de chacun vis-à-vis des autres et de la communauté.

Nous avons souhaité montrer dans le parcours de l’exposition tous les aspects du travail de l’artiste : ses petites sculptures, qui vont d’une figure simple au jeu avec soi-même, le dessin comme un temps de travail, ses films qui montrent ses enjeux libertaires, pour finir par les tableaux qui composent son travail ultime. Nous avons ponctué le parcours par des œuvres qui sont en quelque sorte des autoportraits révélant l’incroyable exigence et la solitude que l’artiste a dû assumer pour avancer dans son travail. Les œuvres les plus récentes offrent un éclairage sur celles de sa jeunesse et exposent leur radicalité, tout en provoquant un véritable choc visuel. Par l’emploi de couleurs franches et de pigments purs, Martial Raysse propose un autre regard sur le monde – cette « hygiène de la vision » développée dès les années 1960 – et nous apprend par là même à voir, « car être moderne c’est avant tout voir plus clair »

Caroline Bourgeois – Commissaire de l’exposition

Informations pratiques

Lieu : Palazzo Grassi
Campo San Samuele, 3231, 30124, Venise (Italie)
Dates : Du 12 avril au 30 novembre 2015
Horaires : Tous les jours de 10 à 19h00, fermé les mardis
Lien : www.palazzograssi.it

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