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Camoin dans sa lumière / Cézanne – Manguin – Marquet - Matisse
Actualités

29 Août 2016

Affiche de l’exposition
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Des tableaux et dessins inédits, les chefs d’œuvre de l’artiste ainsi que des mises en parallèle avec ses amis peintres, et non des moindres, la présentation pour la première fois de l’intégralité de la correspondance de Camoin avec Cézanne entre 1902 et 1906, font de cette exposition une manière originale d’aborder l’œuvre de ce peintre encore trop méconnu. Cette exposition s’inscrit aussi délibérément dans la programmation du musée Granet depuis sa réouverture en 2006, mettant en évidence non seulement la figure tutélaire de Cézanne mais aussi son rôle dans la révélation de la modernité et la naissance de l’art moderne. Elle fait naturellement suite à ces événements majeurs pour le musée qu’ont été les expositions « Cézanne en Provence » en 2006, « Picasso Cézanne » en 2009, « Le Grand Atelier du Midi » en 2013 pour la capitale européenne de la culture, mais encore la présentation, permanente aujourd’hui, de la collection Jean et Suzanne Planque avec « La Leçon de Cézanne » en 2011 ou La collection Henry Pearlman « Cézanne et la modernité » en 2014.

De fait, le Midi sera une source constante d’inspiration et si la Côte d’Azur et Saint-Tropez particulièrement l’emportent dans ses choix de motifs, Camoin reviendra régulièrement à Aix, dans la lumière de Cézanne comme une confirmation sans cesse renouvelée de ce baptême qu’il avait reçu, cette onction originelle du Maître d’Aix. Le musée Granet pouvait-il donc omettre de consacrer une exposition à Charles Camoin que son histoire devait ramener régulièrement à Aix-en-Provence, lui qui écrivait en 1955, à soixante-quinze ans passés : « L’Italie, la patrie des grandissimes de la peinture. A part Cézanne, on n’a pas fait mieux après eux ». Et pourtant, que ce souvenir était lointain, quand à l’âge du service militaire, il était arrivé dans la patrie de Cézanne et avait eu le culot de rendre visite au vieux maître retiré dans sa ville natale.

Presque vingt ans après l’exposition, « Charles Camoin, rétrospective, 1879-1965 », au musée Cantini à Marseille, il n’était, en effet, pas inutile d’insister sur cette relation essentielle avec Cézanne pour sa carrière de peintre et sa vie d’homme et resituer son œuvre dans le contexte d’amitiés artistiques majeures avec Manguin, Marquet et bien entendu Matisse. Le 2 décembre 1905, Camoin confiait à ce dernier : « Suis allé voir le Père Cézanne, (…). Il était déjà sur le motif. (…) » mais, surtout, insistait sur ce rapport de confiance avec le vieux maître, qui lui disait : « écoutez un peu – nous sommes deux peintres, eh bien nous pouvons parler simplement (…) ». Cette relation privilégiée sera un des fondements de sa carrière, de ce genre d’expérience ressemblant à un chemin de Damas pour ce jeune artiste, né en 1879 à Marseille.

Si, comme Cézanne l’écrira, « je suis impénétrable », inextricable mélange de tendances opposées et paradoxales, Camoin cultivera sa vie durant à la fois le culte de ce maître qu’il s’était choisi, le citant à l’envie, mais développant, selon la recommandation cézanienne, d’être toujours lui-même et vrai dans son art, d’être un « peintre d’instinct » selon la formule de Dunoyer de Segonzac. La production de Camoin s’étend de 1898 à 1964, avec plus de 2000 peintures en presque soixante-dix ans de création. De nombreuses périodes de doutes et de destructions de ses œuvres témoignent d’un tempérament inquiet qui le rapprochent encore de Cézanne à propos duquel Picasso disait justement, que ce qui l’intéressait chez le Maître d’Aix c’était « l’inquiétude de l’homme ».

Camoin reste sans doute le plus « impressionnistes des Fauves » en tout cas, celui qui réalisera le mieux la synthèse entre l’Impressionnisme, avec l’influence directe de Renoir (en 1918) et le Fauvisme auquel il appartient avec ses amis si chers : Manguin, Marquet et Matisse.

Si le nu féminin est un thème de prédilection de Camoin des années fauves à ses derniers moments, celui des Baigneuses, suprêmes souvenirs de Cézanne et de Renoir, revient en force à la fin de sa vie. La fusion des corps dans l’immense nature, telle que la cherchait Cézanne, Camoin y fait référence dans la composition d’une voûte arborée protégeant les figures, dans la lumière bleutée cézanienne qu’il évoque dans ces mêmes ultimes années : « L’atmosphère est de cobalt, toutes les couleurs en sont imprégnées pour créer l’espace dans lequel viennent respirer les formes ».

Les Grandes Baigneuses de Cézanne vaudront d’ailleurs à Camoin se dernière grande colère d’artiste et de peintre français en apprenant que le ministère Malraux a laissé sortir de France la dernière version des trois tableaux testaments de Cézanne, achetée par la National Gallery de Londres. Malade, il écrit à un ami en janvier 1965 : « Par-dessus toutes ces misères, j’ai été aussi très affecté par la criminelle incurie de M…, spoliant de son seul gré (notre) patrimoine culturel d’un irremplaçable chaînon de l’art français. Une œuvre nettement inspirée du Poussin, tout imprégnée de la richesse romantique d’un Delacroix et ramenant l’Impressionnisme dans la grande tradition… Cela ne devait pas être pour un musée français. Vendu aux Anglais qui ont pu annoncer cela aux Communes comme une grande victoire ! Quelle honte pour nous, pour notre grandeur de crétins ! ».

Bruno Ely – Conservateur en chef du musée Granet

Informations pratiques

Lieu : Musée Granet
18 rue Roux-Alphéran, 13100 Aix-en-Provence (France)
Dates : Jusqu’au 2 octobre 2016
Horaires : Accessible du mardi au dimanche de 10 à 19h00 (fermé le lundi)
Lien : www.museegranet-aixenprovence.fr

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