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- Histoire générale - - André Stevens Architecture de terre et Patrimoine mondial Missions en Terres d'argile
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Reporticle : 153 Version : 1 Rédaction : 01/04/2014 Publication : 25/11/2015

PORTE X. Mohenjo-Daro : capitale de l’Indus au Pakistan. Leçons d’urbanisme.

Avant-propos

Fig. 260 – Mohenjo-Daro au Pakistan, ville dotée d’un urbanisme rigoureux et d’un tout-à-l’égout unique pour l’époque.
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Fig. 260 – Mohenjo-Daro au Pakistan, ville dotée d’un urbanisme rigoureux et d’un tout-à-l’égout unique pour l’époque.

En novembre 1985, au retour d’une mission en Chine, l’auteur fit une halte à Karachi d’où il s’envola pour le site archéologique de Mohenjo-Daro, situé non loin d’un aéroport de campagne. Deux jours durant, il put découvrir la ville morte, se promenant seul parmi les ruines. Une sensation unique que celle d’emprunter les rues et les places d’une cité abandonnée. Le site avait retenu son attention du fait que les bâtiments des quartiers centraux avaient été principalement construits en briques cuites. A l’époque, les bâtisseurs choisirent un matériau qui allait traverser le temps pendant quatre millénaires, au prix d’un investissement économique certain, misant sur la cuisson de la terre crue (190). Ce fut l’occasion, pour l’auteur, de se rendre compte de l’état d’avancement des travaux de sauvegarde, entamés dès 1974, suite à un appel lancé par un groupe d’experts de l’Unesco en 1964. Il fallait avant tout abaisser le niveau de la nappe phréatique, par la réalisation de nombreux puits en cercle. La fin du séjour fut consacrée à la visite de la citadelle de Kot Diji, l’un des plus beaux exemples de l’architecture des Taïpur.

Introduction

L’extraordinaire civilisation de l’Indus, contemporaine des célèbres civilisations de Sumer et d’Akkad au Moyen-Orient et de l’ancien empire en Egypte, a ses origines dès le néolithique (191). Parmi les nombreux vestiges mis au jour, figure en première ligne le site de Mohenjo-Daro, inscrit en 1980 sur la Liste du Patrimoine mondial et pour lequel l’Unesco a lancé une campagne internationale de sauvegarde.

Le temps des découvertes.

Dès le XIXème siècle, surtout depuis 1921 à Harappa à 175 km au sud-ouest de Lahore et 1922 à Mohenjo-Daro à 300 km au nord-est de Karachi, les travaux du Service archéologique des Indes britanniques avaient révélé l’existence entre 2500 et 2000 avant notre ère, de l’extraordinaire civilisation de l’Indus. Pendant ces cinq siècles, ont prospéré des villes importantes selon un urbanisme rigoureux, dotées d’un tout-à-l’égout unique pour l’époque, vivant d’un commerce international, pratiquant un artisanat et un art remarquables, ayant élaboré un système d’écriture probablement idéographique, mais encore indéchiffré (192). Peu à peu ont été trouvés un millier de sites de la même époque et de cette même civilisation, éparpillés dans une très vaste région allant d’ouest en est, de la frontière actuelle du Pakistan avec l’Inde jusqu’à Delhi, et du sud au nord, du golfe de Cambay au nord de Bombay au Badakhistan au nord-est de l’Afghanistan.

Fig. 261 – Le Grand bain en briques cuites et le stupa récent.
Photo André StevensClose
Fig. 261 – Le Grand bain en briques cuites et le stupa récent.

Les fouilles entreprises sur le site de Mehrgarth en 1975 lors de la mission archéologique française au Pakistan, allaient éclaircir le mystère de l’émergence, vers 2500 av. J.-C., de la civilisation urbaine de l’Indus. Située au pied du Bolan Pass, passage obligé des voies de communication reliant, via le Baloutchistan, la vallée de l’Indus à l’Afghanistan, l’Iran, la Mésopotamie et l’Asie centrale, Mehrgarth était bien placée pour permettre de comprendre les relations qui avaient existé entre toutes ces régions d’Asie. La rivière Bolan y avait creusé un ravin profond de 10 à 12 m, mettant ainsi naturellement au jour une coupe stratigraphique des terrains. Sur 7 m d’épaisseur, se lit une extraordinaire séquence de couches archéologiques, continue de 7000 à 2500 av. J.-C. Rappelons qu’au Pakistan et en Afghanistan, jamais encore n’avaient été découverts des sites antérieurs à 4000 avant notre ère.

Des informations recueillies à Mehrgarth et à Nausharo située à 6 km au sud de Mehrgarth, les archéologues ont pu reconstituer le puzzle jusque là fragmentaire. Les centres culturels du quatrième millénaire, que l’on croyait indépendants les uns des autres, sont en fait les expressions variées d’une même culture dont l’aire s’est largement étendue par un changement de système économique. A partir de 4500 en effet, l’exploitation dans la plaine de l’orge et du blé récoltés en avril, s’est ajoutée à l’exploitation de la montagne de l’orge et du blé récoltés en août. Ces trouvailles ont été complétées par deux autres découvertes majeures. Celle en 1985, du trésor de Quetta, une très riche tombe datant de 2000 ou 1900 av. J.-C., où apparaissent les influences d’Iran, de Bactriane, de Turkménie ; celle de Pirak à 20 km à l’est de Mehrgarth, datant de 1800 av. J.-C. Désormais les plaines produisent deux récoltes, l’une au printemps, l’autre en été.

Dans le même temps, arrivent les chameaux de Bactriane, les chevaux et les ânes qui réduisent les distances en augmentant les capacités de transport et de déplacement (193). Les grandes villes de l’Indus qui vivaient du commerce, perdirent leur importance au profit des villages devenus gros producteurs. Comme l’affirme Rafile Mughal, la genèse de la première grande civilisation urbaine de l’Asie du Sud s’est donc bien produite sur le sol de l’Indus, en dehors de toute influence directe d’autres régions (194).

Une cité urbanisée. Le Grand bain, le Collège des prêtres, la Grande salle.

Fig. 262 – Restitution de la ville du temps de l’extraordinaire civilisation de l’Indus (2500-2000 av. J.-C.) : une peinture murale exposée au musée de site.
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Fig. 262 – Restitution de la ville du temps de l’extraordinaire civilisation de l’Indus (2500-2000 av. J.-C.) : une peinture murale exposée au musée de site.

La civilisation de l’Indus appelée aussi harappéenne du nom de Harappa, site du Pendjab où elle a été découverte pour la première fois, est surtout connue par les vestiges impressionnants de Mohenjo-Daro. Celui-ci situé à 3 km à l’ouest de l’Indus dans la basse vallée du fleuve, occupe une superficie de 5 km de circonférence, mais on sait que dans le passé l’agglomération était beaucoup plus étendue que ce que l’on peut découvrir aujourd’hui (195). Quatre millénaires d’alluvions ont fait disparaître une grande partie de la ville. Construite selon un plan méthodique avec des rues en damier, des puits cylindriques et un système d’égouts desservant toute la cité, Mohenjo-Daro donne l’exemple d’une cité urbanisée – 50 000 habitants, deux hectares, 600 puits –, dans laquelle ville haute et ville basse offrent un cadre de vie où chaque élément concourt à l’harmonie et au bien-être de ses citadins, sa conception témoignant d’une parfaite cohérence.

Comme dit ci-dessus, la ville comprend deux parties : à l’ouest une partie fortifiée, appelée la citadelle ou l’acropole et, en contrebas, une ville basse qui s’étend sur plusieurs centaines d’hectares. La citadelle de forme presque rectangulaire s’élève sur une plate-forme artificielle d’environ 15 mètres de haut entourée d’une enceinte crénelée. La haute terrasse était protégée par un remblai de briques crues renforcé à l’extérieur et plusieurs fois surélevé au cours du temps pour mettre la fortification à l’abri des inondations catastrophiques de l’Indus (196). A l’intérieur se trouvent des bâtiments publics dont les plus spectaculaires – le Grand bain, le Collège des prêtres, la Grande salle et l’Entrepôt – ont fait l’objet de fouilles systématiques.

Fig. 263 – Le Grand bain : une piscine avec escaliers entourée d’une galerie donnant accès aux appartements privés.
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Fig. 263 – Le Grand bain : une piscine avec escaliers entourée d’une galerie donnant accès aux appartements privés.
Fig. 264 – Vue aérienne du Grand bain et du grenier.
Photo Civilisations anciennes du Pakistan, Bruxelles, Musées royaux d’art et d’histoire, 9 février – 14 mai 1989.Close
Fig. 264 – Vue aérienne du Grand bain et du grenier.

Le Grand bain de Mohenjo-Daro est une piscine rectangulaire de 11,70 m sur 6,90 m, profonde de 2,40 m, construite en briques cuites d’une manière extrêmement soignée (197). Servant à l’occasion de réservoir d’eau, on y accédait par des escaliers placés sur les petits côtés du bassin. La piscine était entourée d’une galerie ; au nord, un couloir donnait accès à des pièces de dimensions inégales qui étaient peut-être des appartements réservés aux prêtres. A proximité, un groupe de huit cellules – des salles d’ablution ? – étaient disposées de chaque côté d’une ruelle étroite. L’ensemble Grand bain et Salles d’ablution avaient sans doute une fonction cultuelle. La ville basse était probablement entourée d’une enceinte fortifiée dont on a retrouvé des fragments de briques cuites sur 6 m de hauteur. Les larges rues orientées suivant les vents dominants, se coupent à angle droit et délimitent des quartiers d’habitation rectangulaires au sein desquels s’enfonçaient des ruelles accessibles seulement aux piétons et aux bêtes de bât. Les maisons sont différentes selon qu’il s’agit de celles de riches marchands ou de celles d’ouvrier ou d’artisan qui n’avaient que deux pièces. La maison type comprend une série de pièces entourant un patio carré et un escalier de briques menant au toit ou à l’étage. L’entrée sur la rue était percée dans une façade aveugle sans doute pour se protéger des nuages de poussière soulevés par le vent dans cette région alluvionnaire. Des puits publics placés à l’angle des rues, permettaient aux occupants des maisons les plus modestes de se ravitailler en eau. Un réseau d’égouts s’étendait à l’ensemble de la ville avec des fosses de décantation plus basses que le niveau de l’égout pour recueillir les détritus les plus lourds. Les objets trouvés : étoffes, bronzes, bijoux en argent et en or, pierres précieuses et semi-précieuses, parements de toutes sortes et jouets de toutes tailles, attestent d’un haut degré de raffinement.

Sauvegarde et réaménagement. Baisser le niveau de la nappe phréatique.

Fig. 265 – Ville construite sur un plan méthodique avec ses rues et ruelles en damier. La remontée des sels à travers une couche d’isolants reste le problème majeur de la conservation du site.
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Fig. 265 – Ville construite sur un plan méthodique avec ses rues et ruelles en damier. La remontée des sels à travers une couche d’isolants reste le problème majeur de la conservation du site.

« Si des mesures urgentes ne sont pas prises pour sauver Mohenjo-Daro, sa destruction risque d’être définitive », ainsi s’exprimait le directeur général de l’Unesco au cours de plusieurs cérémonies qui se sont déroulées en 1983 à Mohenjo-Daro, Istanbul et La Havane (198). Alimentées par de nombreux canaux d’irrigation destinés aux cultures avoisinantes, les nappes souterraines qui se trouvent au-dessous du site, ne cessent de voir leur niveau s’élever depuis la construction en 1932 du barrage de Sukkur. Ce niveau se trouvait à 2 m de la surface en 1982, contre 7 m lorsque le site fut découvert. Cette eau est chargée de sels minéraux, résultant des sols fertiles des pays au climat aride. Par action capillaire, l’eau monte à travers les murs, s’évapore et abandonne les sels qui réagissent vivement avec la terre cuite, minant les fondations et corrodant les murs de tous les bâtiments. D’autre part, l’endroit est à la merci des crues de l’Indus tout proche. De graves inondations eurent lieu dans les années 1960, 1973 et 1975. Les menaces sont d’autant plus grandes que le site se trouve dans une plaine et que le fleuve change souvent son cours, comme il le fait depuis des millénaires.

Dès 1960, le gouvernement pakistanais, percevant le danger, prit diverses initiatives pour y faire face, demandant notamment à l’Unesco une assistance technique. Devant l’étendue des dégradations, les mesures à prendre apparurent d’une ampleur exceptionnelle. Elles impliquaient le réaménagement de l’ensemble du site. Un schéma directeur des travaux fut élaboré en conséquence, qui prévoyait une triple action : baisser le niveau de la nappe phréatique au moyen d’un système approprié de pompage, dégager l’endroit de la pression de l’Indus en déviant le cours de celui-ci et restaurer les constructions en éliminant les sels minéraux. La baisse du niveau des eaux souterraines sera progressive.

Trois cercles de puits correspondront chacun à une étape des travaux. Quatorze puits en cercle seront d’abord construits et le pompage permettra d’abaisser l’eau à 6 m en dessous de la surface du sol. Autour du premier, sera réalisé un deuxième cercle de douze puits ; leur capacité s’ajoutant à celle des premiers, le niveau de l’eau descendra à 9 m. Avec le troisième cercle, à 250 m du premier – soit trente puits supplémentaires –, les 20 m de distance entre la nappe souterraine et la surface du sol seront atteints. Un canal de drainage circulaire récoltera l’eau des puits et via une station de pompage, la mènera vers le canal d’irrigation principal déjà existant où elle se diluera. Sur la longueur du site, la berge droite de l’Indus sera aménagée. Sept digues : une série d’épis inclinés sur la rive occidentale, seront bâties pour guider le courant vers l’autre rive.

Fig. 266 – Le musée de site : une architecture contemporaine de qualité avec ses jardins et ses allées d’arbres.
Photo André StevensClose
Fig. 266 – Le musée de site : une architecture contemporaine de qualité avec ses jardins et ses allées d’arbres.
Fig. 267 – Le site a bénéficié d’un aménagement remarquable : des chemins de visite dallés et balisés n’interférant en rien avec les vestiges archéologiques.
Photo André StevensClose
Fig. 267 – Le site a bénéficié d’un aménagement remarquable : des chemins de visite dallés et balisés n’interférant en rien avec les vestiges archéologiques.

Quant à la restauration des murs, il est prévu de remplacer le sol saturé de sel en contact avec les murs par du sable, de lessiver les murs afin de désincruster les sels (199), de refaire partiellement certains murs avec de nouvelles briques de terre cuite semblables à celles d’origine et de recouvrir le sommet des murs d’une couche de terre cuite pour éviter l’infiltration de l’eau de pluie. Afin de protéger le site contre le vent, porteur lui aussi de sels minéraux et de poussière, des variétés d’arbres et d’herbes résistant aux sels seront plantées tout autour.

Enfin, vu les pluies sporadiques mais torrentielles, on peut imaginer de couvrir certains ensembles et peut-être l’un ou l’autre chantier de fouille, par une structure textile de protection, légère et réversible, laquelle ne perturberait en rien l’authenticité des lieux. Sa mise en place serait une contribution d’esprit contemporain à la sauvegarde des constructions remarquables comme à la mise en valeur du paysage quelque peu monotone de Mohenjo-Daro.

Dès le début des années 1990, des progrès importants avaient été accomplis. La réalisation des 26 premiers puits a permis de stabiliser en partie le niveau des nappes souterraines. La station de pompage, l’électrification du système et les canaux de drainage sont terminés. Quatre des jetées « casse-courant » sont installées dans le lit du fleuve. Certains bâtiments sont à présent assis sur une barrière en béton quasi invisible, courant au pied des murs de briques cuites, solution toujours provisoire puisque les sels minent alors les fondations. « Bref, disent les spécialistes, nous contrôlons la situation, mais tous les problèmes n’ont pas reçu de solutions définitives. Certains travaux réalisés sur le terrain connaîtront de sensibles améliorations, au vu de leur efficacité à court ou moyen terme ».

Ces résultats ont été possibles grâce notamment aux efforts consentis par le gouvernement du Pakistan, qui a assuré le financement de la plus grande partie des travaux et grâce aux contributions internationales qui ont pu être obtenues à la suite du premier appel lancé par l’Unesco en 1974. Les contributions n’ont cependant pas atteint le niveau escompté pour permettre de réaliser la totalité des objectifs prévus, sans compter les frais d’entretien des divers systèmes de pompage. Si Mohenjo-Daro conserve encore quelques-uns de ses secrets les plus intimes, elle n’en constitue pas moins l’une des plus vieilles cités d’Asie où les problèmes d’organisation urbaine ont reçu des solutions d’une grande hardiesse qui de nos jours encore, peuvent offrir un précieux enseignement.

Fig. 268 – La citadelle de Kot–Diji : une spectaculaire construction de pierre, de brique et de terre.
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Fig. 268 – La citadelle de Kot–Diji : une specta-culaire construction de pierre, de brique et de terre.
« Mohenjo-Daro 4500 plus » :

une exposition sur la campagne de sauvegarde (1974-1997), présentée dans le hall Ségur de la Maison de l’Unesco, en avril et mai 2010. L’objectif majeur est d’insuffler une nouvelle vie dans l’une des plus importantes cités de l’âge du bronze. L’exposition photographique revisite une des plus grandes civilisations riveraines du monde, reconnue comme Patrimoine mondial en 1980. Tout en illustrant l’exceptionnelle valeur universelle du site et documentant les travaux de protection réalisés pendant la campagne de sauvegarde, elle se concentre également sur les communautés locales et les perspectives d’avenir de ce site archéologique pour le développement d’un tourisme soutenable et l’atténuation de la pauvreté (200).
Fig. 269 – L’enceinte est renforcée de tours et de bastions.
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Fig. 269 – L’enceinte est renforcée de tours et de bastions.

Signalons un autre site remontant au IIIème millénaire, mais moins connu : Kot Diji. Situé à 22 km au sud de Khairpur dans la province de Sind et à 45 km à l’est de l’Indus, il présente aujourd’hui une spectaculaire construction de pierre et de briques, particulièrement bien conservée. Ancien édifice militaire, le fort de Kot Diji, anciennement connu sous le nom de fort Ahmadabad, est l’un des plus beaux exemples de l’architecture des Taïpur qui régnèrent sur le Sind entre 1789 et 1843. Long de plus de 500 m, il fut construit sur une colline étroite, haute de plus de 40 m, par Mir Murhab Khan et reste le mieux préservé de tous ceux qui furent élevés à la même époque. Haute de 10 m, l’enceinte est renforcée par trois tours situées en des lieux stratégiques et 50 bastions sur un périmètre de 1.8 km. La lourde porte d’entrée est renforcée de pointes d’acier pour se protéger contre les attaques aux éléphants. La brique cuite fut utilisée, car la pierre calcaire locale trop fragile aurait pu se briser sous la pression des boulets de canon. A l’emplacement du fort, les archéologues ont révélé l’existence d’une civilisation qui aurait existé à cet endroit 2800 ans av. J.-C., très probablement celle de l’Indus.

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    Notes

    NuméroNote
    190La brique peut connaître un nouveau sort ! Dès la découverte de Harappa, les briques du site furent utilisées comme ballast aux traverses de voies de chemin de fer.
    191Le système fluvial de l’Indus, un fleuve capricieux de tout temps, est l’un des plus puissants du monde, avec un débit annuel deux fois supérieur à celui du Nil et trois fois supérieur à ceux combinés du Tigre et de l’Euphrate. En août 2010, des inondations catastrophiques ravagèrent le nord du Pakistan, provoquant quelque 20 millions de sinistrés.
    192L’écriture de l’Indus comprend environ 200 signes de base, relevés sur quelque 2500 inscriptions différentes. Les tentatives de déchiffrement de cette écriture, notamment celle à l’aide d’ordinateurs par des chercheurs finlandais, n’ont pas abouti jusqu’à présent à des résultats convaincants.
    193« Des archéologues saoudiens ont trouvé près d’Abha, dans le sud-ouest, les traces d’une civilisation ancienne. Cette découverte révèle que les chevaux ont été domestiqué dans la péninsule pour la première fois il y a plus de 9000 ans » Département des musées et antiquités de l’Arabie Saoudite, Agence nationale de presse, 26/08/2011.
    194Civilisations anciennes du Pakistan, Musées royaux d’art et d’histoire, Brux., 1989, p. 120.
    195Seuls quelque 10% du site ont été jusqu’à présent fouillés. Les archéologues restent impatients de poursuivre leurs travaux. Des forages ont montré que se rencontraient encore des débris de brique et de poterie à une profondeur dépassant 11 m sous la plaine.
    196« Les changements climatiques pourraient en partie expliquer les inondations qui ont dévasté le Pakistan, mais les experts y voient aussi le résultat de l’aménagement et de l’exploitation des terres. L’abatage illégal des forêts est, selon les experts, une des principales causes de ces inondations. Dans certains secteurs de la région de Malakand, plus de 70% des forêts ont été détruites par une mafia du bois. Dans la région de Swat, bastion des insurgés islamistes, les Talibans sont les premiers responsables de la déforestation. En l’absence d’arbres, les racines ne jouent plus leur rôle de stabilisation et de rétention de l’eau, ce qui accélère l’érosion et l’épuisement des sols. L’exploitation intensive des sols pour l’élevage du bétail, très nombreux dans les zones rurales, détériore également cet équilibre naturel » Agence Reuters, La Libre Belgique, 1/09/2010.
    197Le fond du bassin est fait de briques posées sur chant et jointoyées au mortier de chaux. Les briques qui forment les parois sont si bien ajustées que les joints de mortier sont quasi invisibles. Entre le revêtement de briques cuites et le corps de maçonnerie, une couche de bitume de 2 à 3 cm d’épaisseur assure l’étanchéité.
    198En janvier 1964, le groupe d’experts de l’Unesco, qui visita le site pour la première fois, déclara que si rien n’est fait pour la préservation des structures, tous les vestiges découverts se seront écroulés dans les vingt à trente ans à venir. Trois ans plus tard, le gouvernement pakistanais lança son premier appel officiel auprès de l’Unesco pour l’obtention de fonds pour la sauvegarde du site. Ainsi à Paris en 1979, fut signé un contrat de préservation et de développement du site monumental, entre l’Unesco et le gouvernement du Pakistan.
    199« Mohenjo-Daro s’étend dans la plaine alluviale de l’Indus, constituée de couches de sédiments charriés depuis l’Himalaya. Ces limons sont chargés en salpêtre (nitrate de sodium) présent sous forme dissoute dans le sous-sol imprégné d’humidité par la nappe phréatique. Le concentration des sels est anormalement élevée autour des ruines, comme dans la plaine du Sind. Cette situation peut être attribuée aux méthodes d’irrigations pratiquées dans la région depuis des temps immémoriaux. L’augmentation en surface de la salinité des sols est occasionnée par le climat sec et chaud qui favorise une évaporation trop rapide de l’eau, avant qu’elle ne puisse pénétrer en profondeur dans la terre. Le résultat de ce processus entraîne une cristallisation des sels contenus dans l’eau. Les dépôts blanchâtres qui recouvrent le sol, comme les murs en briques, sont appelés les efflorescences salines » Robert (Y.), Sauver Mohenjo-Daro, l’addition est salée, dans Les Nouvelles du patrimoine, déc. 1992, n° 47, pp. 24-25.
    200« Les fortes inondations qui touchent le Pakistan depuis le début du mois d’août 2010 – les pires inondations depuis 1930 – menacent des sites archéologiques importants comme Mohenjo-Daro et Aamn, site classé monument national, situé à proximité de l’Indus. Aamn possède un canal et tout débordement pourrait submerger le site. Face à la catastrophe – vue sous l’angle humanitaire –, les Nations unies ont lancé un appel d’aide d’urgence de 46 millions de dollars » Lashari (Karim), chef du département provincial des Antiquités, dans Dawngroup, groupe de médias pakistanais, Sukkur, 18/01/2010.