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Peinture - Epoque contemporaine - Allemagne - Histoire de l'art
Stanislas Pays
Les liens de Félix Nussbaum avec la Belgique
Traduction et commentaire de « Felix Nussbaum L’humour tendre en exil » d’Emile Langui (Vooruit, 1939)
Amateur
Notes
Notes
Notes
Numéro | Note |
1 | Nous tenons d’ailleurs à remercier le MJB de son accueil et à saluer le courage et la détermination de toute son équipe qui, après l’attentat du 24 mai 2014, a tout fait pour maintenir intact l’esprit d’ouverture et de tolérance du musée. |
2 | Langui (Emile), « Interviews op mansarden. Felix Nussbaum. De zachte humor in ballingschap » in Vooruit, 5 février 1939. Emile Langui (Bruxelles, 1903-1980) connu surtout comme historien d’art et critique d’art aussi brillant que prolifique, défenseur de la première heure de l’expressionnisme et du surréalisme, et animateur incontournable de la vie culturelle belge et européenne d’après-guerre, était par ailleurs dans les années trente, un socialiste convaincu. Il devint collaborateur et critique artistique du journal Vooruit dès 1933 où il prit fréquemment position contre les injustices sociales de son temps et se montra déjà préoccupé par les persécutions antisémites des régimes fasciste et nazi (cf. « Waarheen Ahasverus » in Vooruit, 23 juillet 1933). Pendant la guerre, il s’engagea d’ailleurs activement dans la Résistance et, suspecté d’espionnage, il fut emprisonné plusieurs mois à la prison de Saint-Gilles par les Allemands. Voir Hammacher (Renilde), « Langui Emile » in La Nouvelle Biographie nationale, tome 6, Bruxelles, 2001, pp. 262-266. |
3 | Cf. Le Secret, 1939, ou le motif ironique du porte-voix qui revient dans plusieurs de ses œuvres, par exemple, Autoportrait avec masque et porte-voix, 1936, et Mascarade, vers 1939. Les œuvres de Felix Nussbaum sont quasiment toutes visibles sur le site internet de la Fondation Felix Nussbaum : http://www.felix-nussbaum.de/werkverzeichnis/ |
4 | L’entreprise nous semblait d’autant plus utile que Nussbaum est encore assez mal connu dans l’espace francophone malgré la rétrospective et la conférence de Peter Junk (en allemand, mais néanmoins traduite et éditée en brochure par Arie Goldberg) organisée en 1982 au Goethe-Institut de Bruxelles et l’excellente exposition de 2010 due au Musée d’Art et d’histoire du Judaïsme à Paris. Nous regrettons par exemple qu’aucune des grandes monographies concernant Nussbaum disponibles en allemand et en anglais n’aient encore été traduite en français. |
5 | Edgard Tytgat (1879-1957) est un peintre, dessinateur, aquarelliste, graveur et lithographe bruxellois dont les œuvres intimistes associent principalement la poésie naïve et l’expressionnisme. Langui tenait en haute estime l’art de Tytgat comme en témoigne l’exposition qu’il organisa en 1951 au Palais des Beaux-arts de Bruxelles. Voir Langui (Emile), Edgard Tytgat, Bruxelles, Éditions de la connaissance, 1951 [NDT]. |
6 | Le texte original indique « Driehoog in een stijf burgerlijke corridor-straat huist Felix Nussbaum schier vlak onder de pannen. » « Driehoog » qui signifie littéralement « au troisième étage » a été traduit par « au deuxième étage » du fait que nous savons que Nussbaum logeait au deuxième étage, rue Archimède, et qu’il est possible en flamand de compter le rez-de-chaussée comme le premier niveau d’un bâtiment [NDT]. |
7 | Nussbaum avait en réalité 18 ans lors de son arrivée à Hambourg en 1922 [NDT]. |
8 | Willy Jaeckel (1888-1944) est un peintre et graveur associé d’abord à l’expressionnisme et ensuite, au mouvement du « retour à l’ordre » qui s’y opposait. Après avoir étudié à Breslau et à Dresde, il prit part à la Sécession berlinoise en 1915 et devint membre de l’Académie prussienne des arts. Nussbaum a suivi ses cours à partir de 1923 au sein de l’atelier de peinture et de sculpture fondé par Arthur Lewin-Funcke (1866-1937) [NDT]. |
9 | Hans Meid (1883-1957), peintre, graveur et illustrateur, est une figure majeure de l’impressionnisme en Allemagne. Il participa à la Sécession berlinoise dès 1910 et exposa son œuvre dans toute l’Europe. Il dirigea la classe de gravure à l'Académie de Berlin à partir de 1919 et intégra l’Académie prussienne des arts en 1927 [NDT]. |
10 | Der Querschnitt (La Section transversale), sous-titré « Das Magazin der aktuellen Ewigkeitswerte » (Le magazine des valeurs éternelles actuelles), est une revue éditée, d’abord à Düsseldorf puis à Berlin, de 1921 à 1936 par le marchand d’art Alfred Flechtheim (1878-1937). Elle soutenait l’art moderne et publia de nombreux textes de la littérature moderne internationale (Hemingway, Pound, Joyce, Crevel…) [NDT]. |
11 | La Villa Massimo est l'Académie allemande de Rome accueillant les lauréats du Prix de Rome (arts, littérature, musique et architecture) [NDT]. |
12 | En allemand dans le texte. La citation provient d’un article de Willi Wolfradt (1892-1988) publié dans la revue allemande Der Cicerone [NDT]. |
13 | En allemand dans le texte [NDT]. |
14 | Dans sa forme originelle, l’article est accompagné des photographies de trois œuvres : Les Enfants devant l’Église et l’État (1931), Gendarme à Rome (1932) et Le Concert classique (1935). À noter que le premier tableau est aujourd’hui perdu et que la seule reproduction dont nous disposons est celle de la photographie que publia Langui. L’article se termine enfin sur la mention de l’exposition que Nussbaum réalisa avec le soutien de son ami le sculpteur belge, Dolf Ledel et sans doute de Langui lui-même, du 7 au 17 février 1939 au club socialiste, Boulevard du Régent 23, à Bruxelles. |
15 | Emile Langui avait à l’origine imaginé consacrer une série d’articles aux artistes allemands et autrichiens en exil, d’où le titre au pluriel « Entretiens sous les mansardes », mais le projet n’alla pas au-delà de deux articles. Un mois avant celui sur Nussbaum, Langui avait publié un premier article sur un autre artiste allemand, Karl Schwesig (1898-1955), qui se réfugia en Belgique après avoir été emprisonné et torturé par les nazis en raison de son engagement communiste. Voir Langui (Emile), « Interviews op mansarden. Karl Schwesig’s ervaringen in een folterkelder » [« Entretiens sous les mansardes. Expériences de Karl Schwesig dans une cave de torture »] in Vooruit, 8 janvier 1939. |
16 | N’oublions pas que le topos de la mansarde, outre sa dimension sociale qui l’oppose traditionnellement au salon des riches, se présente depuis le XIXe siècle comme un lieu fascinant qui combine réclusion et élévation. Voir notamment le fameux poème de Victor Hugo « Regard jeté dans une mansarde » (1840). |
17 | Felka Platek (1899-1944), peintre polonaise d’origine juive, a rencontré Felix Nussbaum en 1924 à l’atelier Lewin-Funcke à Berlin où elle était l’élève de Ludwig Meidner. Bien que son nom ne soit pas mentionné dans l’article de Langui, elle occupa une place importante dans la vie du peintre comme en témoignent les nombreux tableaux dans lesquels elle figure ainsi que la remarquable solidité de leur couple. Voir notamment le tableau Soir (Autoportrait avec Felka Platek), 1942. |
18 | L’opposition qui va de paire avec celle de la latinité et de la germanité connaît de surcroît une assise théorique importante dans le champ culturel allemand comme le montre l’article de Nerlirch (France) « Latinité vs. germanité : un fantasme identitaire de l’histoire de l’art allemande » in Lendemains. Zeitschrift für Frankreichforschung, n° 133-1, mars 2009, pp. 162-176. En 1942, le grand spécialiste de la Renaissance du Nord Max Jakob Friedländer (1867-1958) note encore dans son ouvrage De l’Art et du connaisseur : « Dans les temps modernes [la Renaissance], quand la conception du monde devint profane et que se constituèrent des États nationaux, le Nord se sépara du Sud. La personnalité se libérant mit aussi en lumière les traits distinctifs des races et des peuples. Désormais les Italiens tournèrent vers la réalité un regard neuf : aussi se concentrèrent-ils avec un fanatisme exclusif sur le corps humain, dont la grâce, la force, la noblesse, la mobilité furent magnifiées dans l’orgueilleuse conscience que l’homme prit de lui-même à la Renaissance. Par contre, dans le Nord, on prêta plus d’attention à l’âme et aux relations entre le corps, l’espace, la lumière et l’atmosphère. ». Friedländer (Max Jakob), De l’Art et du connaisseur, Paris, Le Livre de Poche, 1969, p. 257, trad. Henriette Bourdeau-Petit. |
19 | Les deux parents du peintre, Philipp et Rahel Nussbaum, étaient originaires de Emden près des Pays-Bas et la famille maternelle portait d’ailleurs le nom néerlandais de Van Dyk. Il est connu de plus que la famille Nussbaum passait régulièrement ses vacances dans la station balnéaire de Norderney, en mer du Nord et que le peintre en gardait un souvenir nostalgique. Voir en particulier son tableau Souvenirs de Norderney (1929). |
20 | Ces artistes incarnent traditionnellement une résistance ou un dépassement de l’influence italienne à l’époque de la Renaissance. Friedländer écrit par exemple de Pierre Bruegel qu’il « est allé à Rome et semble n’avoir vu ni Raphaël ni les statues antiques. Le vase ne peut rien accueillir, car il est non seulement clos mais déjà rempli. », op. cit., p. 256. |
21 | Dagen (Philippe), « L’art philosophique de Felix Nussbaum » in Felix Nussbaum 1904-1944, Paris, Skira Flammarion, 2010, pp. 33-34. |
22 | Sur l’opposition entre art classique et art expressionniste et les processus identitaires qu’elle implique, on lira avec profit Jarrassé (Dominique) et Messina (Maria Grazia) (dir.), Expressionnisme : la construction de l'autre. France et Italie face à l'expressionnisme, actes du colloque de Rome, Villa Médicis, 8-9 mai 2010, Paris, Esthétique du divers, 2012. |
23 | Ensor (James), « La mer médicinale » in Mes Écrits ou les suffisances matamoresques, Bruxelles, Labor, 1999, coll. « Espace Nord », pp. 212 et 218. Le texte cité est de 1931. |
24 | Lettre de 1937 à Ludwig Meidner, citée d’après Felix Nussbaum 1904-1944, op. cit., p. 146. |
25 | La ville est en effet un pôle d’attraction de première importance autant du point de vue artistique que touristique. En plus de son importante activité culturelle et de son cadre avantageux, la ville offre des possibilités d’hébergement à bas prix grâce à ses pensions adaptées au tourisme de masse apparu avec l’avènement des congés payés en 1936. On retiendra aussi la présence lors de l’été 1936 d’une colonie d’écrivains allemands et autrichiens réunis autour de Stefan Zweig à Ostende et Bredene. Voir notamment Tricot (Xavier), Bonjour Ostende : Oostende in de internationale kunst Ostende dans l'art international, Pandora Publishers, Anvers, 2013 et Schaevers (Mark), Oostende, de zomer van 1936 Irmgard Keun, Egon Erwin Kisch, Joseph Roth, Stefan Zweig aan de Belgische kust, Amsterdam/Anvers, Atlas contact, 2015 (2001). Sur les liens entre la côte belge et les avant-gardes artistiques, se reporter à Van den Bussche (Willy), Ensor et les Avant-gardes à la mer, Bruxelles, La Renaissance du livre, 2006. |
26 | Le tableau a été acquis en 1930 pour l’État allemand par le ministre des sciences, de l’art et de l’éducation nationale avec un fonds prévu pour l’achat d’œuvres d’artistes vivants. La notice qui accompagne l’œuvre sur le site internet de la Fondation Felix Nussbaum précise qu’il fallut attendre 1971 pour voir de nouveau une œuvre de Nussbaum achetée par un musée. |
27 | Dans la lettre de 1937 à Ludwig Meidner, Nussbaum écrit : « Nous avions la tête fatiguée, les pieds fatigués. Nous sommes venus nous poser dans le port d’Ostende comme un bateau de pêche », citée d’après Felix Nussbaum 1904-1944, op. cit., p. 66. |
28 | Ibid., p. 66. |
29 | Ludwig Meidner (1884-1966) est un peintre, graveur et écrivain expressionniste d’origine juive, fondateur du groupe Die Pathetiker. Nussbaum a selon toute vraisemblance fait sa connaissance par l’entremise de Felka Platek qui était son élève à l’atelier Lewin-Funcke. Les deux hommes entretiendront par la suite une correspondance suivie. |
30 | Lettre du 31 octobre 1937 à Ludwig Meidner, citée d’après Felix Nussbaum 1904-1944, op. cit., p. 148. |
31 | Ensor y affirme notamment : « Elles [les œuvres de Nussbaum] prouvent un niveau artistique élevé qui lui assure une place de choix parmi les artistes belges et étrangers. ». À noter également que Nussbaum avait obtenu une seconde lettre de recommandation de Désiré Steyns : « Les œuvres de Felix Nussbaum témoignent d’un talent incontestable et M. Nussbaum est réellement un artiste de valeur qui mérite l’estime et l’admiration de tous les connaisseurs ». Citations d’après Felix Nussbaum 1904-1944, Ibid., p. 148. |
32 | Voir ill. 41, Ibid. Depuis 1931, la crise en Belgique oblige toute personne avec le statut de réfugié à ne pas exercer d’activités lucratives sous peine d’expulsion. Voir aussi Caesterckers (Frank), Alien Policy in Belgium, 1840-1940, The Creation of Guest Workers, Refugees and Illegal Aliens, New-York/Oxford, Berghahn book, 2001. |
33 | L’exposition eut lieu dans le salon de lecture du Casino-Kursaal en août 1936. Un article du journal De Duinengalm daté du 14 août relatant l’événement précise : « Bien que cet artiste très talentueux ait beaucoup travaillé pendant plusieurs années à Ostende, il est ici presque inconnu, en premier lieu à cause de sa grande humilité. », cité et traduit d’après Schaevers (Mark), Orgelman, op. cit., p. 161. On y apprend aussi que Nussbaum a fait don à la ville d’un « joli tableau », sans doute de 1928, représentant le café « int' Kuipertje » alors disparu. |
34 | Ces déplacements s’expliquent entre autres par la nécessité de changer régulièrement d’adresse conformément à ce qu’imposent leurs permis de séjour temporaire, prorogeables tous les 6 mois. |
35 | « Depuis quelques jours, nous avons un domicile. C’est très important pour moi, car depuis déjà cinq ans je passe d’une chambre meublée à l’autre. Elles étaient petites et avaient toutes un horrible papier peint à fleurs. Faute de place, je peignais mes tableaux contre le mur. Il était temps que ça s’arrête. », lettre à Ludwig Meidner de 1937, extrait cité et traduit d’après Schaevers (Mark), Ibid., p. 180. |
36 | Le couple Nussbaum semble avoir eu de très bonnes relations avec la famille Jacque, propriétaire de l’immeuble, qui habitait au rez-de-chaussée et leurs voisins, les Etienne, situés au premier étage. Il existe par exemple un portrait de Madame Etienne par Felka Platek qui témoigne d’une certaine complicité entre les deux femmes et nous savons que les voisins du couple d’artistes furent des soutiens précieux pendant l’Occupation en leur procurant entre autres de fausses cartes de rationnement. Après la guerre, ils fournirent aussi de précieux témoignages sur la vie des Nussbaum. |
37 | Lehmann (Anna Andrea), Felix Nussbaum in Brussels (1937-1944), Londres, University of London / History of Art at the Courtauld Institute of Art, 2002, pp. 20-22. Mémoire de Master consultable à la bibliothèque du CEGESOMA à Bruxelles. |
38 | Dolf Ledel (1893-1976) était sculpteur, statuaire, céramiste et médailleur. Ses dons lui valurent d’être remarqué dès 1910 et de remporter plusieurs prix tant en Belgique qu’à l’étranger : à Paris (1925 et 1937), Bruxelles (1935), New York (1939), Madrid (1951). Il fut l’un de ceux qui réhabilita avec brio la sculpture en taille directe et rénova l’art de la céramique en Belgique. Il fut membre fondateur et président de l’Association des artistes professionnels de Belgique, secrétaire général de l'Œuvre nationale des Beaux-Arts de Belgique et membre de la Commission consultative des arts auprès du Ministère des Travaux publics. Épris de fraternité et de justice sociale, il aida pendant la guerre plusieurs réfugiés et s’engagea dans la résistance armée contre l’occupant nazi. Voir Buchet (Arsène Reginald), « Dolf Ledel » in La Nouvelle Biographie nationale, tome 4, Bruxelles, 1997, pp. 245-246 et Eemans (Nestor), Dolf Ledel, Bruxelles, Elsevier, 1958. Notons par ailleurs qu’il existe un buste de Ledel représentant Nussbaum, aujourd’hui détenu par le MJB. |
39 | La première exposition eut lieu en 1935 à la galerie Dietrich alors liée à la famille Schwarzenberg, la seconde organisée par Dolf Ledel eut lieu du 18.12.1937 au 9.01.1938 à la Koninklijke Kunstzaal Kleykamp de La Haye et la troisième, dernière du vivant de l’artiste, au Club socialiste, à Bruxelles, du 7 au 17 février 1939. |
40 | Voir Devillez (Virginie), « Les peintres belges dans la tourmente : du krach économique à la Seconde Guerre mondiale » in Cahiers d’Histoire du temps présent, Bruxelles, 2, 1997, pp. 35-66. |
41 | On peut voir des photographies de ces céramiques et porcelaines dans le catalogue raisonné de l’œuvre de Felix Nussbaum sur le site internet de la Fondation Felix Nussbaum (rubrique : « Casual Labours » / « Gelegenheitsarbeiten »). À noter également que l’une d’elles semble avoir été intégrée au tableau Nature morte avec une poupée et une raquette de tennis (1943). |
42 | Il ne s’agissait pas que d’un simple soutien financier. On sait par exemple que Felix Nussbaum a pu présenter en 1935 certaines de ses oeuvres à la galerie Abels à Cologne par l’entremise de ses parents et que son père ou son frère ont fait obtenir à Felka Platek, en 1942, la commande d’un portrait à réaliser à partir d’une photographie. Sur cette dernière information, voir Lehmann (Anna Andrea), op. cit., n. 34, p. 40. Il est tout à fait possible que Nussbaum ait reçu par ailleurs une aide des comités d’aide aux réfugiés qui existaient alors à Bruxelles tels que le Comité d’Aide et d’Assistance aux victimes du nazisme ou le Foyer Israélite. Voir Dratwa (Daniel), La Belgique, terre d’accueil pour Lotte Prechner in MuséOn, n° 1, 2009, pp. 120-127. Néanmoins, cela n’a pas encore été prouvé. |
43 | « Et donc je vous remercie encore de votre invitation à venir à Buffalo. À dire vrai, c’est un peu trop loin pour moi, mais quand arrivera au pouvoir ici en Belgique un quelconque nazi, ce ne sera pas exclu. » Lettre du 10 avril 1938, citée et traduite d’après Schaevers (Mark), Orgelman, op. cit., p. 200. |
44 | « Le système d’exposition est ici en Belgique, ainsi que dans les autres pays, bien plus défavorable que ce qui se faisait avant en Allemagne. Ici, les salles d’exposition sont louées, très cher de surcroît, et une exposition ne dure pas plus de dix jours et est aussitôt remplacée par une autre, de sorte qu’on pourrait dire que le jeu n’en vaut pas du tout la chandelle. Les expositions collectives par centaines comme en Allemagne, on ne connaît pas ici, mis à part une association qui n’admet pas les étrangers ; ce qui fait que je vis plutôt retiré du milieu de l’art. Bien sûr, j’ai des contacts, et parmi eux, je peux dire avec fierté qu’il se trouve le grand peintre James Ensor, et bien d’autres. », lettre à la famille Klein du 23 juillet 1938, citée et traduite (de l’allemand) d’après Lehmann (Anna Andrea), op. cit., p. 21. On peut penser avec Anna Andrea Lehmann que le collectif évoqué par Nussbaum correspond à l’Association des artistes professionnels de Belgique (AAPB) de Dolf Ledel. |
45 | Lettre à la famille Klein du 1er septembre 1938, citée et traduite (de l’anglais) d’après Lehmann (Anna Andrea), op. cit., p. 20. |
46 | Il semblerait d’après les témoignages que Nussbaum aurait pris cet atelier à cause de l’odeur de térébenthine qui aurait pu révéler sa présence rue Archimède. L’atelier fut aménagé dans le sous-sol de la maison d’un antiquaire, restaurateur de meubles et de tableaux, Willy Billestraet. Celui-ci a rapporté plus tard que « [Nussbaum] peignait en étant constamment conscient qu’il serait un jour repéré et assassiné. Il vivait en permanence dans la peur. Souvent, il ne pouvait pas travailler parce que ses mains étaient prises de tremblements nerveux. », citation et traduction d’après Schaevers (Mark), Orgelman, op. cit., p. 356. |
47 | Joseph Grosfils, dentiste de profession et amateur d’art, semble avoir été une connaissance des Ledel. Il demeurait alors Avenue Brugmann, 255 à Bruxelles (Uccle). C’est à lui que Nussbaum aurait dit : « Si je meurs, ne laissez pas mes peintures me suivre, mais montrez-les aux hommes. ». On sait d’autre part qu’une partie des toiles a été confiée à un ami de Grosfils, le Dr Lefèvre, sans doute pour doubler les chances de conservation des oeuvres. |
48 | Felix Nussbaum 1904-1944, op. cit., p. 132. |
49 | Ibid., p. 148. |
50 | En réponse aux remarques de son ami Fritz Steinfeld sur la simplicité de son œuvre, Nussbaum aurait dit : « Tu n’as pas idée de ce que je suis malin. », Ibid., p. 143. |
51 | Sur l’itinéraire esthétique du peintre et son rapport à l’expressionnisme, on pourra se reporter utilement à la communication de Lament (Lionel), Un ''réaliste'' qui rêvait d’impossible, 16.02.2011, visionnable en ligne : http://www.akadem.org/sommaire/themes/culture/peinture/felixnussbaum/un-realiste-qui-revait-d-impossible-16-02-2011-12929_4350.php |
52 | On remarquera que le tableau Homme derrière la fenêtre (1937) se réfère explicitement à Adriaen van Ostade (1610-1685). À noter par ailleurs que le peintre allemand Karl Hofer (1878-1955) que Nussbaum appréciait particulièrement, utilisa lui aussi le motif de la fenêtre issu de la peinture de genre, voir par exemple : Jeune homme à la fenêtre (1933) et Filles jetant des fleurs (1934). On notera aussi dans l’œuvre de Nussbaum la présence récurrente de la pipe, qui par son association au masque, semble elle aussi découler de la tradition de la peinture de genre et de ses scènes de tabagie. Voir Peintre avec Masque (1935), Deux masques (1935) et Autoportrait au chevalet (1943). |
53 | Voir notamment La Dame au pantin et à l’éventail (1873) et La Dame au pantin (1877) |
54 | Legrand (Francine-Claire), Les Peintres flamands de genre au XVIIe siècle, Bruxelles, Meddens, 1963, p. 126. |
55 | Le tableau en question témoigne de l’expérience d’internement que fit Felix Nussbaum au camp de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales) en tant qu’« étranger ennemi ». Déporté en mai 1940 par les autorités belges suite à l’invasion allemande de la Belgique, il parviendra à s’échapper en août et à retourner à Bruxelles où était encore Felka Platek. |
56 | Felix Nussbaum 1904-1944, op. cit., p. 104. |
57 | On peut le rapprocher entre autres du Portrait à l’âge de 34 ans de Rembrandt. Les auteurs du catalogue notent aussi dans leur analyse que « le regard impénétrable et indompté, la mise place du visage, le jeu d’ombre, le calot noir font référence à la grande tradition de l’autoportrait. » Felix Nussbaum 1904-1944, Ibid., p. 104. |
58 | On notera toutefois avec Francine-Claire Legrand que Brouwer n’humilie pas ses personnages : « Il se pose comme un témoin pris à partie » et « ses œuvres retiennent par leur poids d’humanité ». Legrand (Francine-Claire), op. cit., p. 126. |
59 | Le tableau de Nussbaum mesure 100x150 cm tandis que celui de Bruegel 117x162 cm. |
60 | La disposition des différents objets qui jonchent le sol semble inspirée d’une gravure de Jan van der Straet (1523-1605) ou de Jan Sadeler (1550-1600), Literae, représentant une allégorie des Belles-Lettres. Voir sur ce point Berger (Eva) et al., Felix Nussbaum, Verfemte kunst – Exilkunst- Widerstandkunst, Bramsche, Rasch Verlag, 1995, p. 447. |
61 | Thomas Limberg a retrouvé la trace du peintre dans un registre médical dans lequel est indiqué que Nussbaum s’est présenté à l’infirmerie du camp le 20 septembre 1944. Avant d’avoir cette information, on considérait que Nussbaum avait été assassiné à son arrivée à Auschwitz, le 2 août 1944. Voir Limberg (Thomas), « KZ-Akte belegt : Osnabrücker Felix Nussbaum starb später » in Neue Osnabrücker Zeitung, 01.08.2014 : http://www.noz.de/deutschland-welt/kultur/artikel/495302/kz-akte-belegt-osnabrucker-felix-nussbaum-starb-spater-1#gallery&0&1&495302 |