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Art en général - Temps modernes - Europe occidentale - Histoire de l'art Ralph Dekoninck L’idole archaïque et la belle antique L’histoire de l’art à l’épreuve de l’anthropologie historique dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert
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Reporticle : 45 Version : 1 Rédaction : 01/11/2012 Publication : 01/02/2013
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1 Voir entre autres Carmen Bernard et Serge Gruzinski, De l’idolâtrie. Une archéologie des sciences religieuses, Paris, Seuil, 1988. William Pietz, Le fétiche. Généalogie d’un problème, trad. fr. Aude Pivin, Paris, Kargo & l’Eclat, 2005, Alfonso M. Iacono, Le fétichisme. Histoire d’un concept, Paris, PUF, 1992. Bruno Latour et Peter Weibel (éds.), Iconoclash. Beyond the Image Wars in Science, Religion and Art, catalogue de l’exposition du Center for Art and Media (Karlsruhe), Cambridge, MIT Press, 2002.
2 R. Dekoninck, « Des idoles de bois aux idoles de l’esprit. Les métamorphoses de l’idolâtrie dans l’imaginaire moderne », Revue théologique de Louvain, 35 (2004), pp. 203-216. Suzanne Saïd, « ððððððð. Du simulacre à l’idole. Histoire d’un mot », dans L’Idolâtrie, Rencontres de l’École du Louvre, Paris, La Documentation française, 1990, p. 11-21.Jean-Pierre Vernant, Figures, idoles, masques, Paris, Julliard, 1990.
3 On pense ici au débat entre Hans Belting et David Freedberg dans le courant des années 1990. Sur la base d’une démarche comparative et anthropologique, D. Freedberg défend la thèse d’une certaine continuité dans les réactions que suscite l’image à travers le temps. Il prend ainsi position par rapport à la démarche plus historique de Belting pour qui il y a rupture entre l’ère d’avant l’art et celle de l’art, qui succède à la Renaissance et à la Réforme. David Freedberg, Le pouvoir des images, trad. fr. par A. Girod, Paris, Gérard Monfort, 1998. Hans Belting, Image et culte. Une histoire de l’art avant l’époque de l’art, trad. fr. par F. Muller, Paris, Cerf, 1998. Voir également David Freedberg, « Holy Images and Other Images », The Art of Interpreting (Papers in Art History from the Pennsylvania State University), éd. S. C. Scott, University Park (Pennsylvanie), The Pennsylvania State University, 1996, p. 68-87. Olivier Christin, « Du culte chrétien au culte de l’art : la transformation du statut de l’image (XVe-XVIIIe siècles) », Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, 49 (2002), p. 176-193.
4 Cette confrontation ne pourrait mieux être illustrée que par le succès remporté alors par la figure de Pygmalion dans laquelle se cristallise la tension entre condamnation de la folie idolâtre et exaltation du génie artistique. L’un des plus explicites témoignages d’un tel battement entre religion et esthétique pourrait être trouvé dans le drame de Rousseau intitulé Pygmalion, dans lequel ce dernier apparaît simultanément comme artiste, amant et adorateur. Sur la figure de Pygmalion au XVIIIe siècle, voir l’anthologie présentée par Henri Coulet : Pygmalions des Lumières, Paris, Desjonquères, 1998. Aurélia Gaillard, Le corps des statues. Le vivant et son simulacre à l’âge classique (de Descartes à Diderot), Paris, Honoré Champion, 2003, p. 113-115 Jean-Jacques Rousseau, Pygmalion, dans Œuvres complètes, t. II, sous la direction de Bernard Gagnebin et Marcel Raymond, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1964, p. 1225-1231. Voir Jean Starobinski, Jean-Jacques Rousseau : la transparence et l’obstacle, Paris, Tel Gallimard, 1971, p. 84-101. Louis Marin, « Moi… c’est encore moi », dans Des pouvoirs de l’image. Gloses, Paris, Seuil, 1993, p. 102-119. Ralph Dekoninck et Myriam Watthee-Delmotte, « “Ce qu’on désire, on le croit aussi”. L’idolâtrie pygmalionesque entre antiquité et modernité », L’idole dans l’imaginaire occidental, éd. R. Dekoninck et M. Watthee-Delmotte, Paris, L’Harmattan, 2005, pp. 325-350. J. L. Carr, « Pygmalion and the Philosophes. The Animated Statue in Eighteenth-Century France », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 23 (1960), p. 238-255.
5 Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Paris-Neuchastel-Amsterdam, 1761-1765 (reproduction anastatique : New York, Pergamon, 1969).
6 Ibid, t. I, p. 515.
7 Ibid., t. I, p. 497. Sur la question de l’anthropologie au XVIIIe siècle, voir Michèle Duchet, Anthropologie et histoire au siècle des Lumières, Éditions Albin Michel, Paris, 1971, 1995, p. 407-475.
8 Encyclopédie, op. cit., t. VIII, p. 488.
9Voir Francis Schmidt, « Les polythéismes : dégénérescence ou progrès ? », dans Francis Schmidt (éd.), L’impensable polythéisme. Études d’historiographie religieuse, Paris, Éd. des Archives contemporaines, 1988, p. 13-91. Les religions du paganisme antique dans l’Europe chrétienne XVIe-XVIIie siècles, actes du colloque de la Sorbonne (26-27 mai 1987), Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 1988.
10 Cet article a paru une année plus tôt dans son Dictionnaire philosophique (voir l’édition présentée et annotée par Béatrice Didier, Paris, Imprimerie Nationale, 1994, p. 298-299). Sur l’idolâtrie au XVIIIe siècle, Madeleine V. David, « Les idées du XVIIIe siècle sur l’idolâtrie, et les audaces de David Hume et du président de Brosses », Numen, 24 (1977), p. 81-94. Francis Schimdt, « La discussion sur l’origine de l’idolâtrie aux XVIIe et XVIIIe siècles », dans L’idolâtrie, Rencontres de l’École du Louvre, Paris, La Documentation française, 1990, p. 53-67. Alain Schnapp, « De l’idolâtrie des Grecs au figurisme des Lumières », dans ibid., p. 69-79. Patrick Graille, « Idolâtrie », dans Michel Delon (éd.), Dictionnaire européen des Lumières, Paris, PUF, 1997, p. 568-570.
11 Voltaire, op. cit., p. 503.
12 Ibid., p. 502.
13 Ibid., p. 501.
14Ibid.
15 Ibid., p. 500-501.
16 Ibid., p. 500.
17 Ibid., p. 502.
18 Ibid., p. 503. « Chez presque toutes les nations nommées idolâtres, il y avoit la Théologie sacrée, & l’erreur populaire ; le culte secret, & les cérémonies publiques ; la religion des sages, & celle du vulgaire ». Ibid.
19 David Hume, L’histoire naturelle de la religion et autres essais sur la religion, introduction, notes et traduction par Michel Malherbe, Paris, Vrin, 1971, ch. III.
20« Quand on voit, dans des siècles et dans des climats si éloignés, des hommes, qui n’ont rien entr’eux de commun que leur ignorance et leur barbarie, avoir des pratiques semblables, il est encore plus naturel d’en conclure que l’homme est ainsi fait, que laissé dans son état naturel brut et sauvage, non encore formé par aucune idée réfléchie ou par aucune imitation, il est le même pour les mœurs primitives et pour les façons de faire en Egypte comme aux Antilles, en Perse comme dans les Gaules. […] Puisque l’on ne s’étonne pas de voir les enfans ne pas élever leur esprit plus haut que leurs poupées, les croire animées, et agir avec elles en conséquence, pourquoi s’étonneroit-on de voir des peuples, qui passent constamment leur vie dans une continuelle enfance et qui n’ont jamais plus de quatre ans, raisonner sans aucune justesse, et agir comme ils raisonnent ? Les esprits de cette trempe sont les plus communs, même dans les siècles éclairés, et parmi les nations civilisées ». Charles de Brosses, Du culte des dieux fétiches, ou parallèle de l’ancienne religion de l’Egypte avec la religion actuelle de Nigritie [1760], Paris, Fayard, 1988, p. 96.
21« Non seulement les idoles et les notions fausses qui, s’étant déjà emparées de l’entendement humain, s’y sont fixées profondément, assiègent l’esprit au point que la vérité y trouve un accès difficile ». Francis Bacon, Novum Organum, introduction, traduction et notes par Malherbe M. et Pousseur J.-M., Paris, PUF, 1986, p. 110.
22 Encyclopédie, op. cit., t. XIV, p. 500.
23 Ibid., p. 498.
24 Ibid., p. 498.
25 Ibid., p. 504.
26 Ainsi, pour Falconet l’art de la sculpture reste entaché par l’idolâtrie païenne : « Cet art, en nous montrant les vices déifiés, rend encore plus frappantes les horreurs que nous transmet l’Histoire ». Ibid., t. XIV, p. 834.
27 Une même distinction est opérée entre image et peinture. La définition du terme « image » (« représentations artificielles que font les hommes, soit en peinture ou sculpture ») est immédiatement accompagnée de la précision suivante : « le mot d’image dans un sens est consacré aux choses saintes ou regardées comme telles. L’usage & l’adoration des images ont essuyé beaucoup de contradictions dans le monde. […] Il se dit aussi de certaines estampes pieuses, ou autres, grossierement gravées » (ibid., t. VIII, p. 559). On ne peut manquer de rapprocher cette définition de celle du mot statue, cette dernière étant à la sculpture ce que l’image est à la peinture (pour cette dernière voir ibid., t. XII, p. 252-277) : « image taillée pour être adorée » (ibid., t. XIV, p. 504). La disqualification éthico-religieuse rejoint ici la dépréciation artistique. L’univers de la peinture et de la sculpture ne relève certainement pas de cet univers, leurs finalités esthétiques étant totalement indépendantes de la vocation religieuse de l’image peinte ou sculptée.
28 Chevalier de Jaucourt, « Sculpture moderne », dans Encyclopédie, op. cit., t. XIV, p. 840.
29 Johann Joachim Winckelmann, Histoire de l’art dans l’Antiquité, trad. fr. Dominique Tassel, Paris, Pochothèque, 2005.
30 Voir Elisabeth Décultot, Johann Joachim Winckelmann. Enquête sur la genèse de l’histoire de l’art, Paris, PUF, 2000.
31 Alain Schnapp, op. cit., p. 76.