DECOUVERTE ET ANALYSE D’UNE MOMIE DE PACHACAMAC, PEROU
les restes corporels en sauvegardant ou en transformant
les apparences de la vie, telles sont les préoccupations
métaphysiques dont sont issues les premières manifestations
de l'art ainsi que les premières connaissances anatomiques
et physiologiques. C'est avec le corps, matière même de l'Inconnu,
que l'Homme a élevé le premier monument à l'Inconnu.
L'évocation des momies est immanquablement associée à l'Égypte pharaonique, à ces corps entourés de bandelettes, allongés pour l'éternité dans des sarcophages ouvragés, le regard de nacre ou d'or de leurs masques figé vers un lointain au-delà.
Or, l'étymologie nous apprend que "momie" est un terme assez récent, issu du bas latin "mumia", correspondant à l'arabe "moumia" tiré lui-même du persan "moum" : substance balsamique. L'homme n'a pourtant pas attendu de découvrir ces substances pour momifier les corps. Aussi faut-il entendre par momification l'ensemble des techniques et procédés naturels ou artificiels utilisés pour conserver le corps ou une partie du corps. En ce sens, la momification trouve sa plus ancienne manifestation connue non pas en Égypte, comme on pourrait le croire, mais bien en Amérique du Sud, à l'actuelle frontière du Pérou et du Chili, chez les Chinchorros du 7e au 2e millénaire avant notre ère.
Cela dit, les momies péruviennes les plus connues sont plus tardives. Elles se trouvent généralement disposées en position assise, genoux et bras repliés à la hauteur de la poitrine. Le corps est entouré de couches de tissus alternant avec une bourre de coton brut, parfois garnie d’offrandes. C’est ce que l’on appelle un paquet funéraire ou fardo, lequel est disposé dans une fosse, une chambre souterraine, voire une grotte, fréquemment associé à d’autres offrandes, des vases, des aliments, etc.
La tradition du fardo initiée par les Paracas de la côte sud du Pérou au 1er millénaire avant notre ère se rencontre, avec des variantes, dans de nombreuses cultures andines des périodes plus récentes. Ainsi, les paquets funéraires Huari (550-900 p.C) des hautes terres du sud sont-ils surmontés d'une fausse tête et vêtus d'une immense tunique polychrome, mettant en évidence leur aspect anthropomorphe.
Plus tard, chez les Chachapoyas du versant amazonien des Andes, les défunts sont disposés accroupis dans une enveloppe en peau d'animal, serrée par un filet en fibres végétales. Le paquet est mis dans un cylindre creux fait d'argile, de paille et de graviers. L'ensemble est enduit d'argile blanche et surmonté d'une tête postiche modelée. On trouve les momies chachapoyas dans des grottes aménagées à flanc de falaise.
Sur la côte centrale du Pérou, des nécropoles rassemblant jusqu'à plusieurs dizaines de milliers de momies se sont formées dans la vallée de Chancay, dans la baie d'Ancón, et à l'embouchure du fleuve Lurín, à Pachacamac, pour ne citer que quelques exemples.
Ces zones chaudes, sèches et sablonneuses, où les variations de température sont minimes, rassemblent tous les critères nécessaires à la momification naturelle. Le sol, imprégné de sels minéraux et en particulier de salpêtre, a été aussi un facteur crucial pour la préservation des corps. Les autochtones recherchaient ces endroits pour y enfouir leurs morts, qu'ils protégeaient des agents extérieurs en multipliant les enveloppes de tissu bien serré bourrées de balles de coton brut afin de favoriser encore la dessiccation. Si quelques cas d'éviscération et de préparation momificatoire ont été décrits, ils paraissent constituer des exceptions.
Les fouilles menées depuis une vingtaine d’années par l’Université Libre de Bruxelles dans la région ont conduit à la découverte de nombreuses sépultures. Leur ouverture et leur étude permettent de reconstituer le processus d'embaumement réservé au commun entre le Xe et le XVIe s.
Dans le cadre de cet essai, je me propose d’en présenter un exemple particulièrement bien conservé. Après une brève présentation du site et du contexte de la découverte de la momie, nous suivrons pas à pas les étapes de son déballage. Les informations que l’on peut en tirer sont, on le verra, d’un extraordinaire intérêt pour la reconstitution de différents aspects de la culture précolombienne locale de l’époque, celle des Ychsma.
LE SITE DE PACHACAMAC ET LE PROJET YCHSMA
Pachacamac se situe à environ un demi-kilomètre de l'océan Pacifique, sur la rive droite du fleuve Lurín, à proximité de son embouchure. Le site couvre une superficie de quelque 572 ha dont près d'un tiers est occupé par les édifices du secteur monumental Ce dernier est divisé en deux parties principales par deux enceintes concentriques. La première enceinte, ou Enceinte Sacrée, comprend le Vieux Temple de Pachacamac, le Temple Peint, le Temple du Soleil, un important cimetière et les fondations d'une structure rectangulaire aujourd'hui totalement détruite.
La deuxième enceinte inclut des rues, des cimetières, de nombreuses places et esplanades, ainsi que la plupart des pyramides à rampe. Une troisième enceinte marque l'extérieur du site.
Il s’agit là de l’un des plus importants établissements des Andes préhispaniques, occupé depuis le premier millénaire de notre ère jusqu’à la conquête espagnole (1532-1535). Le site semble avoir connu une période de croissance architecturale spectaculaire durant la période Intermédiaire Récent (ca 900-1470 p.C.) ou période Ychsma, du nom de l’ethnie qui dominait alors la région. Pachacamac grand centre religieux et politique sous les Ychsma, deviendra l’un des sites majeurs de l’Empire Inca à partir de 1470 environ. Les Incas y feront bâtir, entre autres, un Temple du Soleil et un couvent (acllahuasi).
Les fouilles belges ont débuté dans la région en 1993, avec une attention particulière pour la Pyramide n°3, l'un des plus imposants bâtiments de Pachacamac. En 1999, une convention de recherches a été signée entre l'ULB et l'Instituto Nacional de Cultura del Perú (aujourd’hui Ministerio de Cultúra del Perú), qui octroie au Projet Ychsma l'autorisation des fouilles dans le site, ce au rythme d'une campagne annuelle.
L'objectif général des recherches est l'éclaircissement des problématiques locales et régionales durant la période Intermédiaire récent (ca 900-1470 p.C) et Horizon Récent (ca 1470-1533 p.C.).
LES FOUILLES DU TEMPLE DU SINGE (PYRAMIDE À RAMPE III-C)
Les complexes de pyramides à rampe se comptent au nombre de 16 dans le site de Pachacamac, et représentent de facto la plus grande partie de l’architecture du site à l’Intermédiaire récent. L’unité de base, c’est-à-dire la pyramide à rampe proprement dite, se caractérise par les éléments suivants:
- une plate-forme orthogonale à une ou plusieurs terrasses ascendantes ;
- une série de pièces sur la plate-forme ;
- une place rectangulaire aménagée devant l’un des côtés de la plate-forme, en contrebas de celle-ci ;
- une rampe d’accès entre 1) et 3) ;
- un mur d’enceinte partant des côtés de la plate-forme et entourant la place ;
- une entrée principale dans le mur d’enceinte, souvent pourvue d’un système de contrôle d’accès (chicane, tour ou corps de garde).
Sur la plate-forme se développe une série de pièces, dont la disposition varie selon les modèles (cf.ci-dessous). Les pyramides comptent également des annexes sous forme d’entrepôts, de cours, de places, de structures secondaires, etc. Leur superficie varie de 500 à 7500m2. Un complexe peut compter une ou plusieurs pyramides, correspondant vraisemblablement à autant de phases successives d’occupation Il existe des complexes semblables dans d’autres sites de la vallée du Lurín, ainsi que dans la vallée du Rímac, voisine.
On peut distinguer trois modèles différents de pyramide, sur base de la position de la rampe. Il s’agit d’un trait morpho-fonctionnel, c’est-à-dire que non seulement la position de la rampe s’accompagne d’une disposition particulière d’autres traits architecturaux pour chacun des modèles spécifiques, mais que de plus, on observe une occupation de nature différente, et donc une fonction spécifique pour chacun des modèles : le Type A – pyramide à rampe latérale (usage rituel) ; le Type B – pyramide à rampe décalée (usage funéraire) ; le Type C, pyramide à rampe centrale (palais).
Le Temple du Singe appartient au Type A. Il se compose de trois parties principales (du Nord au Sud):
- Une grande place rectangulaire entourée d’un mur d’enceinte avec une entrée en chicane au nord et rampe latérale au sud ;
- une plateforme couverte à trois niveaux successifs comprenant des banquettes et des subdivisions symétriques marquées par des murs bas ;
- une grande cour surbaissée avec une niche dans le mur oriental et un unique escalier d’accès vers la plate-forme dans le long côté nord.
Les fouilles qui ont été menées en 2000 démontrent sans doute possible que cette pyramide était une structure à fonction uniquement rituelle, sans indice d’activités domestiques ou résidentielles. En effet, la place est totalement vierge de toute trace d’occupation, à l’exception –notable- de quelques restes de manufacture de cordelettes en fibres végétales. De multiples offrandes ont été mises au jour sur la plateforme, certaines associées à la fondation de la structure –notamment un jeune enfant sans doute sacrifié et une extraordinaire momie de singe qui justifie le nom que nous avons donné au bâtiment– et d’autres aux diverses phases d’utilisation : animaux sacrifiés (cochons d’Inde, oiseaux, grenouilles, reptiles), vêtements miniatures, coquillages exotiques, feuilles de coca, etc. Le dégagement des plateformes échelonnées a permis de préciser leur plan, caractérisé par une forte bipartition de l’espace et un système en déambulatoire entre de petits murets bas, en adobes et en pierre. Alors que la partie occidentale des plateformes n’a révélé aucun vestige d’occupation, la partie orientale est couverte de restes d’activités rituelles, dont une série de grandes vasques en céramique insérées dans le sol, régulièrement remplacées, et qui servaient à la crémation de substances non-identifiées et peut-être d’artefacts: on y a retrouvé des fragments calcinés des mêmes cordelettes que celles découvertes dans la place. Ces vasques semblent avoir tenu une place importante dans les cérémonies, puisque les phases architecturales ultérieures ont été adaptées en fonction. Le piédestal d’une probable idole de bois se trouvait à proximité. Les plateformes étaient couvertes d’une immense toiture soutenue par des poteaux quadrangulaires. Tant sous ces poteaux que sous le piédestal et les vasques, des offrandes précieuses ont été récupérées (métal, turquoise, coquillages et graines exotiques, animaux sacrifiés). L’abandon volontaire de la structure est marqué par la fermeture des vasques sous un sceau d’argile, suivie d’un grand incendie. La dichotomie de l’occupation entre les parties orientale et occidentale suggère une forte dualité, trait récurrent des sociétés andines qui ressort -entre autres- de l’étude des documents ethnohistoriques (Farfán 2010).
Un accès central conduit dans la cour surbaissée, dont la stratigraphie est caractérisée par la présence de très nombreuses cordelettes en fibres végétales, la plupart fragmentaires mais aussi entières, sous forme d’un rouleau disposé en guise d’offrande lors de la construction. D’autres offrandes ont été déposées à diverses époques, mais la plus marquante est incontestablement la momie E-20, le premier paquet funéraire totalement intact fouillé de manière scientifique à Pachacamac depuis la fin du XIXe siècle, et sur lequel je vais revenir en détail ci-après.
La fonction du Temple du Singe serait liée aux coutumes funéraires. En effet, les cordelettes correspondent à celles des filets qui constituent la dernière « couche » de nombreux paquets funéraires, ce qui, en concordance avec d’autres indices, suggère que c’est là que l’on effectuait les ultimes rituels avant d’enterrer les momies dans l’un des cimetières du site de Pachacamac, et que l’on fabriquait les filets qui servaient à les transporter. Nous verrons que d’autres éléments, tirés de l’examen de la momie, penchent en faveur de cette hypothèse.
L’étude du matériel, de la séquence architecturale, et les datations au radiocarbone ont permis d’établir une chronologie assez précise de l’édifice, avec :
- fondation dans la deuxième moitié du XIIIe s. P.C. ;
- occupation cérémonielle jusqu’au moins la deuxième moitié du XVe s. ;
- changement de fonction suite à la conquête inca à l’Horizon récent (Michczincky et al. 2007). Le Temple, à l’instar du reste du site, est totalement abandonné lors de la conquête espagnole.
LA DÉCOUVERTE DE LA MOMIE E-20
Comme cela a été mentionné, des cordelettes de fibres végétales sans doute utilisées dans la fabrication des filets funéraires sont apparues un peu partout lors des fouilles du Temple, y compris un rouleau entier dans la cour surbaissée au sud. À proximité, une autre offrande a été exhumée, sous la forme d’un ballot en tissu contenant deux jeux de dix ficelles sur lesquelles étaient enfilées quelque 986 ishpingos, (Nectandra sp), des graines provenant d’Amazonie, dont l’importance apparaîtra plus loin. C’est dans la même couche stratigraphique (couche 2) qu’a été découverte la momie E-20, précisément dans le carré 49-a.
En termes stratigraphiques, la couche 2 peut se diviser en deux niveaux A supérieur et B inférieur.
Le niveau 2A de terre granuleuse de 10 à 20 cm d’épaisseur correspond à un sol fracturé et perturbé (sol 1) d’environ 20cm d’épaisseur associé au pied du mur 1 (mur oriental à niche). Le sol 1 est en effet conservé tout le long du côté est du carré 49-a, sur une largeur de 30cm approximativement. Il comporte des copeaux de bois, mélangés à la terre, comme les sols des plates-formes du temple. Le niveau 2A se caractérise par la présence d’un enterrement humain perturbé (E-19) associé à un petit ballot de textile blanc (H.45) contenant des graines d’ishpingo (Nectandra sp.). Il est probable que H45 ne soit pas non plus in situ.
Le niveau 2B de terre et de sable de 35 à 40cm d’épaisseur renferme un enterrement humain intact (E-20), orienté nord-sud (tête au nord). La sépulture ne présente pas de matrice élaborée, le paquet funéraire semble avoir été déposé sur un comblement de mortier et de mottes de terre mêlés de sable, couvert d’une fine couche de sable. La natte de jonc qui couvre l’E-20 se trouve à quelques cm au-dessous de la base du sol 1, ce qui suggère que cet enterrement est antérieur à la pose du sol ou intrusif et peut-être associé aux perturbations mentionnées.
Le fardo est associé à plusieurs éléments que l’on peut considérer comme son mobilier funéraire, à savoir :
- un petit paquet en textile blanc posé au-dessus de
- un autre paquet en textile blanc;
- une natte pliée en deux qui couvre la momie;
- un fuseau;
- une petite bouteille en céramique.
Nous allons les examiner en détail.
- Mobilier E-20-a
paquet de textile en coton blanc de 16cm de diamètre avec un noeud dans la partie supérieure. Il se compose de 4 éléments, lesquels ont été pliés et enveloppés les uns sur les autres : - a1 : rectangle de gaze de fil très fin de couleur blanche, de 60cm sur 42 cm. Les bords sont complets et terminés. Aux extrémités on peut voir les fils terminaux du tissu.
- a2 : rectangle de tissu de 31 x 42cm, de couleur blanche et brun clair formant un motif géométrique en carrés. On distingue plusieurs taches de couleur brun foncé, d’origine vraisemblablement organique.
- a3 : petit unku (sorte de chemise) de coton blanc de 30cm de large et 20cm de haut, avec des plis horizontaux qui semble-t-il, participent du style ou de la technique de fabrication du vêtement.
- a4 : foulard de coton beige orné de lignes brunes formant un motif réticulé. Les bords sont tous terminés, avec des fils blancs aux 4 coins.
- En ce qui concerne le processus d’offrande, la distribution des taches semble indiquer qu’un liquide a été versé sur le mobilier a2, lequel a ensuite servi à envelopper les autres avant d’être lui-même emballé dans le mobilier a1.
- Mobilier E-20-b
paquet de textile en coton blanc de 16cm de diamètre avec un noeud dans la partie supérieure. Il se compose de 5 éléments, lesquels ont été pliés et enveloppés les uns sur les autres : - b1 : rectangle de gaze en fin fil blanc, de 60cm sur 47 cm. Les bords sont complets et terminés.Une petite tache de couleur brune a sans doute été causée par contact avec un matériau organique.
- b2 : rectangle de gaze blanc de 50cm sur 38cm, composé de deux parties cousues ensemble ; tous les bords sont terminés.
- b3 : rectangle de coton tricolore (blanc, brun clair et brun foncé) formant des motifs réticulés. Les petits bords sont décorés de trois lignes alternées jaunes et orange.
- b4 : rectangle de coton brun foncé et blanc avec un motif réticulé de 23cm sur 60cm. On peut observer plusieurs taches résultant du contact avec un matériau organique.
- b5 : petit unku de coton de couleur naturelle (crème) de 39 x 33cm, avec des broderies tricolores (noir-jaune-rouge) dans la partie inférieure. Tous les bords sont terminés et les côtés sont cousus.
- Mobilier E-20-c
natte de 58cm de large et 97cm de long, pliée en deux et abîmée dans la partie centrale. Les côtés sont tressés selon une technique d’entrelacs, tandis que dans la partie interne on compte 11 rangées de lanières de joncs (sens vertical) qui attachent les joncs disposés en sens horizontal. - Mobilier E-20-d
fuseau de 27cm de long avec des restes de fils de coton. Il se trouvait sous la natte. - Mobilier E-20-e
bouteille en céramique de 11cm de haut disposée verticalement Elle comporte deux appendices symétriques à la hauteur de la panse et un goulot droit aux lèvres épaisses.
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L’Enterrement 20 a été transporté au musée du site de Pachacamac, où nous avons procédé au déballage que je vais à présent détailler.
LE DEBALLAGE DE LA MOMIE
Dans un premier temps, la momie a été emmenée à la Facultad de Veterinaria de la Universidad San Marcos à Lima afin d’être passée aux rayons X. Grâce aux radiographies, il a déjà été possible de préciser la position de l’individu et l’emplacement des offrandes à l’intérieur du paquet. Selon l’anthropologue Sonia Guillén (com. pers.2000), certains détails paraissent indiquer que le fardo n’a pas été retrouvé à son emplacement initial, mais a été transporté anciennement depuis un autre endroit. En d’autres termes, il était à l’origine disposé dans la position verticale traditionnelle, mais lorsqu’il a été placé dans le comblement de la cour surbaissée, on l’a mis en position horizontale, tel que nous l’avons trouvé.
Nous avons procédé à l’ouverture du paquet funéraire dans le musée du site de Pachacamac. La méthodologie est simple, basée sur le même principe que la fouille en stratigraphie naturelle; chaque tissu ou bourre a été considéré et enregistré comme une couche, depuis la couche 1 extérieure jusqu’au corps.
L’opération complète a réclamé environ 120 heures à deux personnes, plus un photographe qui a pris des clichés et des enregistrements vidéos à chaque étape principale du processus. Il faut souligner que le déballage n’est pas un processus continu, car il faut laisser reposer le fardo parfois durant 24h ou davantage afin que l’humidité ambiante et l’oxydation permettent aux couches de tissu de s’assouplir et d’être retirées avec plus de facilité. Tenant compte de ces impératifs, le déballage complet a pris un peu plus d’un mois. Détaillons à présent le contenu du paquet.
- Couche 1 : le paquet mesure 97cm de long et 24.5cm de hauteur, avec une largeur maximale de 42cm (noeud A) et minimale de 27cm (nœud B). La couche 1 se compose de deux bandes de coton brun attachées aux deux extrémités du fardo. La bande 1A (près de la tête) mesure 40cm de large et 1,5m de long ; elle forme un noeud dans la partie supérieure du paquet. La bande 1B (près des pieds) mesure 45cm de large et 1,3m de long. Les deux nœuds présentent, dans la partie interne, des taches brun foncé, et dégagent une odeur de putréfaction.
- Couche 2 : toile de coton uni de couleur blanche avec des traces de décomposition aux endroits couverts par les bandes de la couche 1. La toile forme trois tours autour du paquet. Elle est cousue pour assurer la stabilité et la rigidité de l’ensemble. Elle se compose de six panneaux de tailles et formes différentes cousus ensemble, d’une lobngeur maximale de 3,26m et d’une largeur maximale de 1,82m. Un fuseau de 27cm a été récupéré du côté droit, tandis qu’un petit fragment de pigment rouge (Cinabre ? Hématite?) se trouve à la hauteur des pieds sous la bande 1B.
- Couche 3 : natte de joncs très détériorée qui couvre environ 60% du fardo, principalement dans la partie supérieure du corps. Considérant l’état de conservation il n’a pas été possible de la retirer entière.
- Couche 4 : toile unie décorée de motifs géométriques formant des carrés, dans bandes horizontales et verticales. La pièce est en voie de retuaration, aussi n’avons-nous pas pu déterminer encore ses dimensions exactes. Au moment d’ôter la couche 4, il a été possible de définir la technique d’empaquetage. D’abord la mante est pliée deux fois, et disposée comme support du défunt dans son dos, tandis que la portion restante enveloppe complètement le corps, puis est cousue avec un fil de couleur brune, de la tête aux pieds. Ce qui reste de la mante est plié et cousu également. Cette façon d’emballer le défunt diffère de celle observée pour la couche 2, même si la technique de couture se répète.
- Couche 5 : Toile fine décorée de bandes alternées de couleur beige et brun séparées par des lignes de couleur blanche et brun foncé. La toile se compose de deux panneaux rectangulaires cousus par leurs bords les plus longs, formant un rectangle de 1.92m sur 1.10m. On peut voir que cette toile a été cousue au moment de l’emballage, particulièrement à la hauteur de la tête, de façon à donner forme au paquet.
- Couche 6 : bourre de coton brut (avec ses graines) couvrant la face, le cou et les parties latérales du corps.
La couche comporte 4 éléments de mobilier funéraire : -E20-6a : une cordelette enroulée autour des mains ; E20-6b : ensemble de 6 valves de coquillage Eurhomalea Rufa et 1 Argopecten Purpuratus, concentrées à la hauteur de l’épaule gauche; E20-6c : fuseau de 26cm de long avec des fils de coton blanc et brun, situé en position verticale à la hauteur du bras gauche.; E20-6d : fuseau de 29.5cm de long avec du fil, situé sous le précédent. - Couche 7 : la couche 7 se compose de deux éléments :
- (1) tissu foncé très fin qui couvre le visage du front jusqu’au cou, noué à l’arrière du crâne; du coton brut se trouvait sous le tissu, en contact avec la peau ;
- (2) vêtement de coton fort dégradé (apparemment une sorte de tunique) qui couvre le corps depuis le cou jusqu’aux chevilles
- Le mobilier suivant a été récupéré : E20-7a : 2 valves de Eurhomelea Rufa enveloppées dans un foulard situé à l’arrière de l’épaule droite, associées à du métariel végétal non identifié ; E20-7b : ensemble de 45 semences d’ ishpingo (Nectandra sp.) attachées à un fil et disposées sur la gorge à manière de collier ; E20-7c : calebasse de 13cm de diamètre y 6cm de hauteur renversée à la hauteur de la poitrine de l’individu, sur les mains ; E20-7d : trois fuseaux de 30cm de long peints en blanc, rouge et noir situés dans le foulard près de l’épaule droite.
Un écheveau de fils de coton brun clair se trouve entre les mains, de même que plusieurs petites lamelles en argent martelé de forme irrégulière, mesurant 1cm de large pour de 1 à 5cm de long et 1mm d’épaisseur : il y en a une sur le nez, 1 sur la bouche, et 2 à la hauteur du nombril. - Couche 8 : corps d’une femme d’environ 35 ans. Selon Sonia Guillén (com.pers. 2000), la momification résulte d’un processus de dessiccation naturelle, car l’individu n’a pas été éviscéré. On observe que les paupières sont relevées, ce qui indique que la peau était souple quand on a procédé à l’embaumement.
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DISCUSSION
En ce qui regarde l’ensemble de l’emballage, on peut distinguer deux groupes: les couches 1-2 et le mobilier de la tombe d’une part, et les autres couches d’autre part. Plusieurs indices suggèrent en effet que ces deux groupes ne sont pas contemporains l’un de l’autre et représentant deux étapes distinctes.
- (a) Le premier indice est le fait que la natte de la couche 3 est fort abîmée et incomplète, alors que ses parties manquantes ne se trouvent pas à l’intérieur du fardo. Signalons que de telles nattes constituent généralement la dernière couche, extérieure, du paquet funéraire (Eeckhout 1999a :355-6 ; Herrmann &Meyer 1993 :58,Abb.20A). On l’observe d’ailleurs très clairement à Pachacamac même, dans le cimetière I proche de l’Enceinte sacrée (Owens & Eeckhout s.d.). Nous pouvons donc supposer que la couche 3 constituait à l’origine la couche externe du paquet, laquelle s’est détéroriée et a seulement été récupérée en partie au moment d’emballer le fardo dans la couche 2.
- (b) Observons également que les taches de décomposition organique qui apparaissent aux couches 3 et 4 ne s’observent pas au niveau de la couche 2, et inversement. Ces taches proviennent de la décomposition du corps (pour les couches inéfrieures) ou d’agents extérieurs (pour les couches supérieures), par exemple un liquide quelconque versé sur les bandes de la couche 1 avant de les nouer. Ceci aussi suggère deux moments différents dans le traitement de la momie.
- (c) La technique d’emballage diffère entre les couches 4 et 2, comme cela a été souligné.
- (d) Enfin, la position du corps suggère qu’il était initialement disposé verticalement dans une fosse ou une matrice quelconque, comme il est de coutume sur la côte centrale à partir de l’Horizon moyen (1) (Bourget 1990 ; Kaulicke 1983, 1997 ; Machacuay y Aramburu 1998 ; Ravines 1977, 1981 ; Shady & Narvaez 2000 :30-32)
Le plus délicat reste cependant à expliquer, c’est-à-dire les raisons pour lesquelles E20 a été extrait de son contexte d’origine pour être réenterré. La pratique de l’enterrement secondaire est attestée dans le Lurín (cf Eeckhout 1999b). Ainsi, une tombe collective fouillée dans l’une des pyramide du site de Pampa de Florès contenait un paquet d’ossements correspondant à un individu adulte de sexe masculin, visiblement un fardo ancien démantibulé, nettoyé, puis soigneusement réemballé avec quelques offrandes de métal. Le contexte suggère qu’il jouait le rôle d’accompagnant d’un défunt important. Le cas qui nous occupe ici est sensiblement différent puisque le paquet originel n’a pas été réouvert, mais emballé de couches supplémentaires avant d’être inhumé une seconde fois. Le contexte est partiel, sans doute lacunaire, puisque pour rappel des traces de perturbation ont été observées alentour, et qu’un enterrement proche (E19) a été bouleversé par des pilleurs ; rien ne laisse cependant penser, en l’état, que E20 en ait été l’accompagnant, ou l’inverse. En outre, l’enterrement secondaire d’E20 est accompagné de nombreuses offrandes, en particulier des textiles miniatures, une caractéristique récurrente des coutumes funéraires locales aux périodes récentes (Eeckhout 2004 :33-34). En d’autres termes, l’enterrement secondaire auquel nous avons affaire suit la norme des enterrements individuels primaires traditionnels. En bref, il s’agit davantage d’un second enterrement que d’un enterrement secondaire au sens classique.
Dans l’état actuel d’avancement des recherches, il nous est impossible de déterminer l’origine géographique exacte de la momie E-20, tout au plus peut-on dire qu’il s’agit d’un Ychsma de la période Intermédaire récent. Il peut provenir de Pachacamac comme d’un autre site du territoire Ychsma, dont les limites restent à définir dans la zone Lurín-Rímac (Díaz Arriola 2011). Nous en sommes donc réduits à des spéculations, mais il est possible que le statut original du défunt a constitué un critère déterminant, de même que l’endroit où il avait été enterré au départ. A cet égard, les recherches récentes menées dans un autre secteur du site, proche de l’enceinte sacrée, ont révélé un important cimetière Horizon moyen-Intermédiaire récent (Eeckhout 2006a, 2010). Il a été en partie détruit par les Incas lors des transformations architecturales qu’ils ont imposées dans le site suite à sa conquête et sa transformation en centre de pèlerinage impérial (Eeckhout 2008). Cet épisode coïncide avec le moment du second enterrement de E20. En effet, deux échantillons ont été prélevés à des fins de datation: le premier (Gds307) provient de l’intérieur du paquet funéraire (couche 3) et devrait donc permettre de dater l’embaumement initial, tandis que le second (Gds306) provient de la natte de jonc externe (Mobilier E-20-c), et devrait donc fournir une datation pour l’enterrement secondaire. En d’autres termes, le premier échantillon devrait être plus ancien que le second, ce d’autant que nous avons choisi à dessein des plantes annuelles pour la datation.
Les résultats montrent que le premier enterrement a eu lieu entre 1425 et 1465 dne (avec une probabilité de 68.2%), tandis que le second enterrement a eu lieu 1450 et 1515 (avec une probabilité de 68.2%). L’écart temporel entre les enterrements est donc inférieur à 50 ans, avec une probabilité de 68.2%. La valeur moyenne est de l’ordre de 30 ans, c’est-à-dire que, selon toute évidence, une génération environ s’est écoulée entre les deux inhumations (Michczincky et al 2007). On peut ainsi raisonnablement penser que E-20 fut une ancêtre d’une certaine importance aux yeux de ses descendants, et que sa momie a été déplacée vers le Temple du Singe parce qu’elle se trouvait menacée dans son emplacement originel, peut-être le cimetière I proche de l’Enceinte Sacrée.
En effet, la date probable du second enterrement pourrait correspondre à un événement majeur dans l’histoire du Temple, à savoir son changement de fonction suite à la conquête inca (sans doute aux alentours de 1470). Il est alors abandonné et utilisé comme nécropole.
Attardons-nous par ailleurs sur les graines d’ishpingo retrouvées en diverses quantités en contexte lors des fouilles, mais aussi en association directe avec la momie dont il est ici question (cf couche 7). Les graines de Nectandra sp., connues dans la littérature ethnohistorique et ethnographique sous le nom local de ishpingo ou amala, se rencontrent fréquemment dans certains contextes archéologiques des périodes récentes (à partir du Xe s. dne) à Pachacamac et dans les sites voisins. Au travers d’une analyse de ces contextes et d’une révision des données disponibles dans la littérature, j’ai proposé une interprétation de l’usage et du rôle de ces graines (Eeckhout 2006b). Alors que sur la côte nord du Pérou à la même époque elles sont utilisées pour leurs propriétés analgésiques, psychotropes ou létales (selon la dose absorbée), à Pachacamac elles interviennent dans certains rites funéraires ainsi que dans la constitution d’offrandes généralement associées aux défunts. Leur fragrance extrêmement forte, comparable à celle du camphre, aurait notamment facilité la tâche des embaumeurs en masquant l’odeur de putréfaction émanant des cadavres qu’ils avaient à traiter.
Ces graines, nous disent les chroniqueurs, étaient fort recherchées par les natifs, et provenaient, via des réseaux d’échanges encore mal connus, des basses terres orientales de l’Amazonie où pousse la plante. Il s’agissait donc d’un bien précieux et le fait d’en retrouver autant dans l’offrande H45 associée à l’Enterrement 20 souligne encore toute l’importance que le rituel a dû recouvrer aux yeux de ses acteurs. C’est en effet, à ce jour, l’une des plus considérables offrandes de ce type jamais découvertes en fouilles au Pérou. Le seul autre exemple comparable a été publié il y a un siècle: il s’agit d’une extraordinaire momie de puma retrouvée dans le cimetière de l’Enceinte sacrée à Pachacamac, et dont le fardo contient de grandes quantités d’ishpingos ainsi que des offrandes en or et en plumasserie (Baessler 1902 :F.474).
CONCLUSION
Les raisons qui ont motivé les pratiques momificatoires des plus anciennes cultures échappent en grande partie à notre entendement. L'écriture n'ayant pas été inventée en Amérique du Sud, nos seules sources consistent en vestiges matériels et en données archéologiques, lesquels sont en la matière, insuffisants. Pour les cultures plus récentes, et particulièrement celle des Incas et ses contemporaines de l'époque de la Conquête espagnole, les descriptions et témoignages fournissent des informations qui, dans une certaine mesure sans doute, peuvent s'appliquer aux autres contextes.
Contrairement à l'Egypte où le mort est censé vivre éternellement dans un autre monde, la momie péruvienne participe activement à la vie sociale. Suivant Frank Salomon (1995), le corps est considéré comme tripartite et comprend les parties molles, périssables ; la partie dure (le squelette et la peau, c'est-à-dire la momie) ; "l'âme", volatile, parfois comparée à une ombre ou un insecte volant qui rejoint la pacarina, la terre ancestrale d'origine. La préservation de l'intégrité physique de l'ancêtre est essentielle, car l'âme a besoin de ce support qu'est la momie pour se réincarner lors des consultations divinatoires pratiquées par ses descendants. La momie est donc choyée : elle possède une maison, des biens, des domestiques, parfois même des terres et des troupeaux qu'elle administre par la bouche des prêtres-devins. Elle est source de vie, ce pourquoi ont lui fait des offrandes, et elle intervient également dans les rites de fécondité, de fertilité, dans l'agriculture, les mariages, les successions politiques. La mort n'est pas une rupture, mais une sorte de continuum.
Cette explication, bien sûr, ne vaut pas pour toutes les momies, ni sans doute pour toutes les cultures évoquées ici. Elle souligne cependant l'importance des ancêtres dans la tradition andine, importance dont l'archéologie, l'ethnohistoire mais aussi l'ethnographie contemporaine nous apportent sans cesse de nouveaux témoignages.
A cet égard, il paraît intéressant de rappeler la datation de la momie E-20. L’enterrement secondaire est une pratique assez commune chez de nombreuses sociétés du passé, et des cas ont été démontrés grâce à la combinaison des données archéologiques et de l’étude anthropologique des restes humains (Crubézy et al. 2000). Malheureusement, le laps de temps séparant le premier enterrement du second est presque toujours impossible à déterminer. En ce sens, la momie E-20 est exceptionnelle, car nous avons pu démontrer que moins de 50 ans se sont écoulés entre la mort/premier enterrement et le second enterrement de cet individu. Bien qu’il soit évidemment prématuré d’en proposer une interprétation définitive, notons que cette pratique s’inscrit fort bien dans l’idéologie andine du « culte aux ancêtres », résumée ci-dessus et détaillée ailleurs (Duviols 1986; Gélinas 1993; Salomon 1995 ; e.a.). Espérons que les recherches futures permettront de mieux définir cette pratique et de comprendre ses implications pour ce qui regarde les comportements sociaux anciens à Pachacamac.
Insistons enfin sur l’intérêt d’étudier les vestiges avec le contexte archéologique dont ils proviennent. La combinaison des deux faisceaux de données suggère des voies d’interprétation qu’un matériel décontextualisé ou non documenté est incapable de fournir. C’est toute la différence entre les objets issus de fouilles scientifiques et ceux provenant du pillage…
REMERCIEMENTS
Le Projet Ychsma, co-dirigé par l’auteur (Professeur en Histoire de l'Art et Archéologie à l'ULB) et Carlos Farfán Lobatón (Profesor de Arqueología, Universidad Nacional Federico Villareal, Lima) a reçu l'appui financier du Fonds de la Recherche Fondamentale Collective, du Fonds National de la Recherche Scientifique, de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'ULB, du Centre de Recherches Archéologiques de l'ULB, de la Curtiss T. & Mary G. Brennan Foundation (Santa Fe) et de la National Geographic Society (Washington DC). Je tiens à remercier plus particulièrement les personnes et institutions suivantes : Mauricio Mergold (photographe), Ronal Ayala et José Ramirez (assistants et dessinateurs), Mary Frame (spécialiste des textiles), Sonia Guillén (anthropologue), la direction du musée de Pachacamac pour avoir gracieusement mis ses locaux à notre disposition, et la Facultad de Veterinaria de l’Universidad Nacional Mayor de San Marcos à Lima pour les radiographies de la momie.
RÉFÉRENCES CITÉES
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