Quand l’Oriental devient un barbare (2010)
Le monde grec antique fut rarement unifié politiquement, il eut par contre, dès l’époque archaïque, conscience d’appartenir à une sphère culturelle unique partageant les mêmes référentiels linguistiques, religieux, esthétiques. Cette identité se devait d’être constituée par rapport à tous les non-Grecs qu’un seul vocable qualifiait : le barbare. Ainsi le prisme grec nous présente des barbares «hors normes», mêlant de manière paradoxale le trop et le trop peu civilisé (du sauvage à l’oriental au luxe excessif), le trop ou trop peu combatif (du lâche au téméraire), le trop ou trop peu honnête (du fourbe au héros remarquable)… Autant de topiques qui traverseront des siècles d’imaginaires occidentaux, des Romains aux orientalistes romantiques. La rhétorique de l’historien Plutarque est à ce titre exemplaire et l’analyse des occurrences du terme «barbare» dans son œuvre est riche d’enseignements.
Natacha Massar, conservatrice des Antiquités grecques aux Musées royaux d’Art et d’Histoire (MRAH), illustre la thématique du Barbare par l’iconographie. Un vase attique à figure rouge conservé au MRAH reprend la représentation «type» du guerrier oriental dont l’équipement et l’habillement diffère en tout point de ceux d’un hoplite grec. Ce vase reprend en plus quelques thèmes iconographiques conçus dans le monde oriental antique, dont l’un des plus célèbres : le griffon. ).
La comparaison entre "l'hoplite" grec, citoyen, armé d'un glaive face au "barbare" oriental, armé d'une lance, focalise l'ensemble des topiques qui définiront le monde civilisé par rapport aux "terrae incognitae" - les Romains n'auront dès lors aucun mal à se réapproprier ces typologies.
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