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Art du vêtement - Epoque contemporaine - Monde - Histoire de l'art
Carine Kool
La broderie, un art révolutionnaire ?
La broderie, un « art naturellement révolutionnaire » ou l’usage de la broderie par les artistes contemporains.
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Résumé
Résumé
Résumé
Dans The Subversive Stitch: Embroidery and the Making of the Feminine publié en 1984, l’historienne de l’art Rozsika Parker révèle l’ambivalence de la broderie qui, pendant plusieurs siècles, a été pour les femmes une arme de résistance en même temps qu’une source de contrainte. Au XXe siècle, des artistes se sont saisis de cette ambivalence comme voix d’expression et ont fait de la broderie un « art révolutionnaire » pour reprendre le terme de Parker.
Mais avant de chercher à savoir si la broderie est effectivement un « art révolutionnaire », il nous semble utile d’en définir précisément l’acception et d’en délimiter l’usage par rapport aux autres pratiques du fil en art contemporain que sont, entre autres, le tricot, le crochet, le tissage, la tapisserie, la dentelle et la couture.
D’autre part, la contextualisation de la broderie montre qu’elle a été utilisée par des féministes dès le début du XXe siècle en Angleterre pour revendiquer le droit de vote, ensuite par des artistes féministes dans les années 1970 (Judy Chicago, Annette Messager) qui, en jouant de cette ambivalence de la broderie dans un acte de subversion revendiquèrent un statut de femme et d’artiste et l’accès à l’espace public d’exposition. Elles firent passer la broderie du monde privé de la domesticité au monde des beaux-arts.
Vingt ans plus tard, les artistes femmes ne sont plus maintenues éloignées du monde de l’art et la frontière entre le public et le privé s’est même progressivement dissoute pour faire place au confidentiel. C’est dans ce contexte qu’en 1995 l’artiste britannique Tracey Emin expose son œuvre séminale, Everyone I Have Ever Slept With 1963-1995, une tente brodée. Elle y donne corps à une redéfinition personnelle du féminin et à un art agencé de l’intime.
Mais avant de chercher à savoir si la broderie est effectivement un « art révolutionnaire », il nous semble utile d’en définir précisément l’acception et d’en délimiter l’usage par rapport aux autres pratiques du fil en art contemporain que sont, entre autres, le tricot, le crochet, le tissage, la tapisserie, la dentelle et la couture.
D’autre part, la contextualisation de la broderie montre qu’elle a été utilisée par des féministes dès le début du XXe siècle en Angleterre pour revendiquer le droit de vote, ensuite par des artistes féministes dans les années 1970 (Judy Chicago, Annette Messager) qui, en jouant de cette ambivalence de la broderie dans un acte de subversion revendiquèrent un statut de femme et d’artiste et l’accès à l’espace public d’exposition. Elles firent passer la broderie du monde privé de la domesticité au monde des beaux-arts.
Vingt ans plus tard, les artistes femmes ne sont plus maintenues éloignées du monde de l’art et la frontière entre le public et le privé s’est même progressivement dissoute pour faire place au confidentiel. C’est dans ce contexte qu’en 1995 l’artiste britannique Tracey Emin expose son œuvre séminale, Everyone I Have Ever Slept With 1963-1995, une tente brodée. Elle y donne corps à une redéfinition personnelle du féminin et à un art agencé de l’intime.