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- - - - - Didier Martens Entre vérité historique et dévotion : les Madones de saint Luc dans la peinture flamande de la Première Renaissance
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Reporticle : 214 Version : 1 Rédaction : 04/05/2017 Publication : 30/11/2017

Note de la rédaction

Le présent reporticle est tiré d'une conférence donnée par le professeur Didier Martens à l'Académie royale de Belgique le 4 mai 2017.

Conférence

Didier Martens, Byzance dans le Nord : icônes de saint Luc dans la peinture flamande de la Renaissance, 4 mai 2017.

Depuis le VIIIe siËcle, le monde byzantin a attribuÈ ‡ Luc des reprÈsentations peintes de la Vierge Marie, avec ou sans son Fils. Le saint aurait ÈtÈ non seulement l’auteur d’un des quatre Èvangiles, mais Ègalement un portraitiste ayant fixÈ en image les traits du Christ et de sa MËre. Cette lÈgende byzantine d’un Luc peintre, visant ‡ confÈrer une lÈgitimitÈ apostolique au culte chrÈtien des reprÈsentations figurÈes, a exercÈ en Occident une influence profonde. Aujourd’hui encore, les Èglises de Rome peuvent se targuer de possÈder des Madones ‡ fond dorÈ passant pour avoir ÈtÈ peintes par saint Luc lui-mÍme ou tout au moins copiÈes d’aprËs un modËle de sa main.

Les Madones dites de saint Luc ont Ègalement jouÈ un rÙle important dans la vie artistique et culturelle des anciens Pays-Bas. La plus connue dans nos RÈgions est sans nul doute l’icÙne de Notre-Dame de Gr‚ce, conservÈe ‡ la cathÈdrale de Cambrai depuis 1450. Cette peinture italienne des annÈes 1300 fut copiÈe en de nombreux exemplaires dËs la seconde moitiÈ du XVe siËcle. Une autre Madone de saint Luc a nettement moins retenu l’attention des historiens de la peinture flamande : celle dite de l’Ara Coeli. Il s’agit d’une reprÈsentation de la Vierge ‡ mi-corps, sans son Fils, conservÈe en l’Èglise Santa Maria dell’Araceli de Rome. L’oeuvre remonte en rÈalitÈ au XIe siËcle. ConsidÈrÈe pendant longtemps comme une vera effigies de la Vierge Marie, la composition va connaÓtre une diffusion remarquable dans les anciens Pays-Bas ‡ partir de 1492. Elle sera en effet adoptÈe par les confrÈries flamandes des Sept Douleurs de la Vierge, devenant une sorte d’emblËme de cette dÈvotion nouvelle. Les confrËres feront reproduire le modËle, aussi bien en peinture qu’en gravure.

Parfois, la reproduction peut avoir les dimensions d’un timbre-poste. C’est le cas, notamment, dans un tableau du maÓtre anversois Josse van Cleve (vers 1490 - vers 1540), conservÈ au MusÈe de Muskegon, dans le Michigan : un Saint JÈrÙme pÈnitent. Le pËre de l’Èglise latine s’agenouille devant un icÙne mariale qui est une copie flamande de la Madone de l’Ara Coeli. Ce dÈtail constitue le point de dÈpart d’une rÈflexion sur la place qu’occupent les ‘reprÈsentations authentiques’ de la Vierge dans la peinture flamande du XVIe siËcle. Le confÈrencier propose ‡ ses auditeurs un parcours inÈdit en images, qui met en Èvidence l’importance du document historique vÈridique ou rÈputÈ tel dans la peinture flamande de la PremiËre Renaissance. Il apparaÓt qu’outre Josse van Cleve, ses contemporains Quentin Metsys et Bernard van Orley prirent part eux aussi, dans le Nord, ‡ un processus de redÈcouverte et de valorisation de la tradition byzantine, dans une perspective qui combine Èrudition et dÈvotion.

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